A croire qu’Id Software et Epic Games se sont donnés le mot. Sorti à peu près en même temps que Quake III arena, Unreal tournament fait lui aussi l’impasse sur une quelconque mission étalée tout du long sur différents niveaux. Le « tournament » et l' »arena » voyez-vous, c’est du pareil au même. Nos quake-like se concentrent dorénavant sur le cœur du problème : le massacre dont l’étendue est comptabilisée en nombre de frags, autrement dit de victimes. Point de fioritures scénaristiques donc, la shooterie n’en a cure. Telle est la tendance 2000 pour un genre -pas tout jeune- qui n’a pas fini d’exciter une croissante communauté de joueurs fondue de parties online.
En la matière, souvenez-vous qu’Unreal, premier du nom, avait carrément louper le coche. Un mode multiplayer certes existant, mais impraticable tant la config adéquate était élevée. Belle revanche ici puisque les concepteurs ont justement misé pour une grande part sur le jeu en réseau. Croyez bien qu’avec l’Unreal engine dorénavant optimisé pour supporter une config « standard », (noter tout de même que Direct 3D est plutôt mal supporté, seul l’Open GL -cartes 3Dfx- présente bien les choses), la pratique a de quoi convaincre les joueurs les plus exigeants. D’autant que tout a été étudié pour que vous puissiez au plus vite, et le plus simplement du monde, entrer dans les arènes peuplées du cybermonde. Les maps sont graphiquement hallucinantes. Certainement plus diverses et complexes que celles de Quake III. En revanche, si la jouabilité est redoutable, UT n’atteint pas l’excellente maniabilité offerte par le jeu d’Id Software. A vrai dire, c’est assez difficile à expliquer, et peut-être un tantinet subjectif, mais l’équipe de John Carmack a véritablement réussi à nous donner l’impression de faire corps avec la machine, ce qui n’est pas aussi flagrant dans UT.

Deux façons de rentrer dans le vif du sujet : la séance d’entraînement (vos exploits ne sont pas comptabilisés sur la durée, aucun intérêt) et le tournoi. Pour les novices, l’idéal étant de s’essayer sur les divers didacticiels. Passons sur les illustres modes « match à mort » ou « Deathmatch » (le premier qui atteint un certain nombre de frags remporte le tournoi) et « Capturer le drapeau » (l’équipe bleu doit récupérer le drapeau de l’équipe rouge et inversement). Dans « Domination », vous lutter pour la possession d’endroits stratégiques répartis sur la carte. Presque une variante de « Capturer le drapeau » finalement. Attardons-nous plutôt sur le mode « Assaut », du neuf cette fois-ci. Deux équipes toujours, mais là il s’agit pour l’une de mener à bien une mission précise : détruire un terminal informatique, s’échapper d’un château, etc. en un temps limité. L’équipe adverse doit elle l’en empêcher. Si les opposants réussissent leur coup, on recommence mais les rôles des deux équipes sont inversés. Il faudra alors que les nouveaux attaquants terminent la mission en moins de temps qu’il n’en aura fallu à l’équipe adverse pour remporter le tournoi. Vraiment prenant.

Ce sont les mêmes modes de jeu qui nous sont proposés en solo. Et c’est précisément de ce point de vue qu’UT se distingue de son concurrent direct pour le surpasser haut la main. Si Quake III néglige profondément le jeu contre l’ordinateur, Epic Games n’abandonne pas lâchement les adeptes, ou les reclus dirons-nous, du offline. Bien au contraire, puisque l’on a ici particulièrement soigné l’intelligence artificielle des bots. A tel point que dans le feu de l’action, on jurerait parfois avoir affaire à des humains. Nos ennemis les bots sont des petits malins : ils savent à la fois jouer la prudence et la discrétion en se camouflant dans le décor et opter pour le rentre-dedans lorsque vous êtes en difficulté. A l’instar d’un joueur humain, il est également possible de les surprendre, de dos notamment. De plus, contrairement aux bots de Quake III, jamais ils n’empruntent ici les mêmes chemins, jamais ils n’utilisent les mêmes feintes éculées. Imprévisibles, complètement ! Il en va de même s’agissant de vos coéquipiers à qui vous pouvez donner des ordres (attaque, défense, couverture, etc.). Avec le paramétrage des IA et le choix du style de jeu (normal, hardcore, turbo), on agit sur la rapidité d’action des adversaires et le degré de dégâts des armes. Les armes justement : nettoyeur, fusil de choc, éventreur, lance-roquettes, rédempteur… des noms assez explicites n’est-ce pas ? A noter que chacune d’elle dispose d’un second effet (bouton droit du mulot). Selon la situation, il faut tantôt utiliser le fusil de précision (excellent pour le shoot à distance avec zoom sur la cible), tantôt le rédempteur (à base de tête nucléaire miniature). Visez autant que possible la tête des ennemis, bien plus radical. Au rang des bonus, comme dans Quake III, le téléporteur fait son apparition.

En remportant chacune des missions dans chaque mode (il faut être « champion » dans chacune des catégories), vous êtes autorisés à entrer dans le mode « challenge » : une sorte de deathmatch ultime, entendez boucherie absolue, où il s’agit d’affronter à travers de nouvelles maps spéciales « bains de sang » la crème des psychopathes et autres brutes épaisses que compte UT.
Reste LA question qui fait actuellement débat sur de nombreux forums de gamers : entre UT et Quake III, lequel choisir ? Pour la subtilité et le jeu solo, préférez UT. En revanche, si seules compte pour vous la shooterie online… LA réponse définitive viendra avec le temps. En attendant, et pour être à même d’y répondre, optez pour les deux.