Like A Tim est le pseudo du producteur et remixer hollandais (notamment de Robert Armani, Hardfloor, Speedy J ou encore de Cylob, Bochum Welt, DMX Krew) Tim Van Leijden, qui a sorti ses premiers maxis sur le label de Miss Saskia, Djax Up Beats, en 1991. I’m serious est son troisième album après Yeah right et le bien nommé I like it when you don’t like it (car ce monsieur ne se laisse pas aimer facilement), toujours sur Geist, label anglais connu pour avoir sorti un coffret consacré à Alec Empire. Pour la petite histoire, le nom Like A Tim vient du surnom que ses petits camarades de classe lui donnaient à l’école : trouvant qu’il ressemblait à un cadavre (!), ils le surnommèrent « Lijke Tim », qui signifie « Tim mort », et prononcé à l’anglaise, ça donne « Like a Tim ». Après cette information parfaitement gratuite, passons à la musique.

Dead Tim pratique évidemment l’electronica la plus tordue et la plus personnelle possible. Mais loin des productions Rephlex souvent rigolotes, l’univers musical de Tim Van Leijden est froid et bizarre, pour ne pas dire malaisé. Si l’on trouve dans I’m serious (et on ne doute pas qu’il le soit, « serious » !) des bouts de funk, de hip hop, de GameBoy et de rock basique (il a repris ZZ Top sur un album précédent…), ce ne sont que des lambeaux déchirés au hasard dans des disques oubliés et rejoués d’une façon parfaitement épileptique. Ajoutez des batteries systématiquement distordues, des sons de steel bands tordus et des mélodies malades. On se situe là sur des terrains habituellement plus fréquentés par Zappa ou Buckethead que par Aphex Twin. Les quinze titres du disque sont tous inquiétants et pas un morceau ne possède une rythmique en bonne santé.

On commence fort avec un Forever young (Alphaville sur tous les fronts !) glaçant de déséquilibre et ça continue comme ça sur quarante-sept minutes. What do you know about this commence par exemple comme un bon Stray Cats et se transforme en une chose groovy, tordue et inquiétante. Imaginez Elephant Man en train de danser dans une barbecue party, John Carpenter qui se casserait la figure dans les escaliers, un big band électronique en train de s’accorder ou le Jad Fair de la house ! Claudiquant comme un menuet ivre (Don’t need sure), maladroit comme un µ-ziq en béquilles (Someday), à chaque instant on a l’impression que Tim Van Leijden, au lieu de la programmer, fait tomber sa boîte à rythmes par terre pour voir. Impossible de se raccrocher à quoi que ce soit. Parfois la violence mal contenue de certains titres (Bring it on, sure) fait penser à une alliance entre Throbbing Gristle et les Cramps, tous adeptes de l’(un)easy-listening. Evidemment le disque se termine par The fun is back : on n’avait pas remarqué, glacés par l’effroi que nous sommes.
A l’évidence, on a affaire à un monsieur qui a une vision très personnelle de la techno et c’est ça qui est bien ! On a trouvé le petit cousin mal élevé et dégénéré d’Aphex Twin. On ne comprend pas toujours ce qu’il veut dire ni ce que signifient ses dessins qui ressemblent à des Pokemon sous acide, mais on ne risque pas de l’oublier. Le bizarre brut dans la musique électronique, ça existe, c’est Like A Tim !