Los Angeles 2005. Soit. On aurait tout aussi bien pu être en 2000, seulement il faut bien justifié l’événement purement fictif et illusoire qui préoccupe la planète : la signature imminente du Traité d’abolition des armes nucléaires des Nations unies (résolution S-112/8, ce coup-ci c’est du sérieux). Le SWAT donc, une sorte de GIGN américain dont les membres sont réquisitionnés pour toutes sortes d’opérations à haut risque qui menacent directement la populace : braquages de banque, prises d’otages, menaces en lieu public, etc. La priorité absolue, c’est la protection des citoyens. De fait, il ne s’agit pas du tout ici de faire des cartons et de shooter dans le tas, mais bien de mettre fin aux attaques terroristes sans la moindre encombre. Aucune bavure n’est autorisée et, s’agissant des suspects, on privilégiera toujours l’arrestation à l’élimination. Discrétion et précision sont de mise, ce qui fait de SWAT 3 un soft clairement plus proche d’Hidden & dangerous (sans les bugs) que d’Half life ou, moins finaud encore, de Quake 3.
Pour qui n’est pas familier avec la série, rappelons que si les opus précédents ne manquaient pas d’intérêt, ils souffraient tout de même d’une interface de jeu franchement alambiquée et d’une réalisation assez médiocre dans l’ensemble. Avec SWAT 3, les plaintes des aficionados ne sont pas restées lettres mortes : la vue 3D dorénavant subjective convient parfaitement et l’on se sent totalement à l’aise dans l’exécution des opérations avec les fonctionnalités offertes (souris et clavier).
Le briefing passé (vous avez pris connaissance du crime, de l’état de la situation, des témoignages, de l’équipement des terroristes, de leur identité ainsi que de celle des otages et du plan des lieux), l’équipement choisi (arme primaire, arme secondaire, munitions), la phase d’exploration peut commencer. Pour ce faire, les membres du SWAT possèdent le matériel adapté à tout type d’action. Des grenades de saturation sensorielle pour faire diversion, des gaz lacrymo, une pince multifonctions, des charges C2 (utile pour ouvrir des portes à distance), une torche chimique et une caméra opti-wand. Cette dernière vous permet de scruter les alentours sur 180° un peu plus d’un mètre en avant de votre position. On l’utilisera avant d’entrer dans une nouvelle pièce ou dans les angles des couloirs.
Chaque membre de l’équipe où qu’il soit est en contact permanent avec vous. En tant que leader, vous décidez à tout moment de la stratégie à suivre en communiquant vos ordres aux coéquipiers : la couverture, l’inspection d’une entrée, l’ouverture d’une porte, la sécurisation d’une pièce. La communication est sans aucun doute l’aspect essentiel du jeu. On le découvre assez vite finalement en perdant un à un ses hommes dans les premières missions entamées sans trop de précaution. Pour autant, rien ne vous empêche d’agir de temps à autre en solo, histoire de booster la progression de la mission. Souvent qu’elle s’éternise… trop prudents les types du SWAT ? Vous jouez, pas eux ! Du coup, admettons que ce soit particulièrement réaliste. Comme le sont d’ailleurs les réactions des terroristes. Moins prudents forcément -qui peut se targuer d’avoir suivi un entraînement aussi chiadé en la matière que les gars du SWAT ?-, ceux-ci vous poseront quand même quelques difficultés. Du style : cache-cache derrière les meubles ou opération kamikaze. Lorsque l’on se concentre sur l’ouverture d’une porte et que débarque en trombe l’ennemi, le fusil à pompe Benelli à la main, ça surprend ! Généralement, on en meurt même. Sachant qu’à tout moment un suspect bien caché peut vous prendre pour cible et vous mettre à terre, le stress est à son comble dans les phases d’inspection. Le long des couloirs, dans les cages d’escaliers, il faut avoir l’œil partout. En ce sens, SWAT 3 est un jeu remarquablement prenant qui n’a pas fini d’angoisser méchamment le joueur.
Le jeu n’est certes pas sans défaut. Les omissions d’abord : la plus impardonnable étant l’impossibilité de jouer en réseau. SWAT 3 en multiplayer serait jubilatoire assurément. Espérons que Sierra nous concocte très vite un patch adéquat… On regrettera également que les vitres et autres miroirs ne se brisent pas sous l’impact des balles. Quoi d’autre ? On l’a dit, la patience est de rigueur quand on délègue le boulot aux sous-fifres. A noter enfin quelques dysfonctionnements ou lenteurs dans la prise en compte des touches clavier. Quoi qu’il en soit, ça n’empêche pas SWAT 3 d’être un jeu hautement recommandable, pour ne pas dire la perle du genre.