L’avantage de la série Super smash bros. c’est qu’elle joue sur deux tableaux à la fois : réjouir les nintendomaniaques nostalgiques d’abord, en réunissant une énorme partie des mascottes de la marque -même s’il faut avoir pratiqué intensément l’import pour reconnaître la totalité du casting ; mais aussi les plus réticents à l’imagerie nunuche de Nintendo puisqu’ils auront enfin l’occasion de se venger en bottant le cul à Pikachu, Donkey Kong, Link, Mario et toute sa clique. Super smash bros. melee (SSBM), sequel de SSB sur N64, est un jeu de baston, donc. Plus proche d’un Powerstone 1 & 2 que d’un Virtua fighter 4 -on s’en serait douté-, le soft idéal pour des parties multijoueurs effrénées. Une sorte de sumo sous acide puisque le but ici n’est pas d’amener son adversaire au K.O. mais plutôt de le projeter hors de l’arène. Les affrontements finissent évidemment par ressembler à un grand n’importe quoi, un bordel pétaradant et jouissif où les coups pleuvent, les objets tombent du ciel et les explosions masquent l’écran… jusqu’à ce qu’on puisse à peine distinguer son propre personnage. C’est un défaut typique du genre, mais le jeu devient tellement jouissif en multi 2, 3, 4 joueurs qu’on en oublie rapidement ces inconvénients.

Forcément, lorsqu’on joue seul, SSBM est nettement moins réjouissant. Heureusement Nintendo a relativement bien soigné le mode solo, indispensable pour débloquer persos et arènes et donc pimenter davantage les parties en multi. C’est parfois un peu lassant, comme tout travail de longue haleine, souvent frustrant, mais le jeu en vaut la chandelle. Le gameplay simpliste et efficace -LE trademark Nintendo- aide à faire passer la pilule en proposant le minimum syndical d’addiction. On décroche difficilement du jeu même lorsqu’il se permet d’être franchement casse-couilles ou douloureux pour les phalanges.

Avec SSBM, Nintendo se paye le luxe de s’offrir un tribute à lui-même. Un jeu très narcissique, forcément mégalo et pratique pour les concepteurs puisqu’il suffit de tout recycler : personnages, décors, musique, tout existe déjà, il ne reste plus qu’à réactualiser et à s’adapter aux performances de la 128bits de Nintendo. Pas aussi tape à l’oeil qu’un DOA3, SSBM prouve que le GameCube est petit mais costaud : décors variés et rutilants avec la petite touche old-school indispensable à tout jeu à vocation compilatoire, personnages magnifiquement modélisés et effets en tous genre. Une démo technique beaucoup moins conne qu’un Wreckless, on n’attendait pas moins de Nintendo…

Premier véritable million-seller du GameCube au Japon, SSBM devrait donc pouvoir faire patienter les adorateurs des classiques Nintendo, qui n’ont pour le moment pas eu grand chose d’autre à se mettre sous la dent que le très spécial Luigi’s mansion, jusqu’aux Mario sunshine, Zelda et autres Starfox adventures. Une sorte d’avant goût du futur de la console à grands renforts de baffes et de kicks thermonucléaires…