Il existe sans doute quelques game-designers pour se persuader que le summum de l’ambition vidéoludique est d’embrasser un maximum de genres pour construire un gameplay varié et complexe. Ils ignorent probablement que le mieux est souvent le pire ennemi du bien, qu’il faut énormément de talent pour réussir un « jeu total ». Or, le seul pari qui tienne aujourd’hui pour un créateur de jeu, c’est de choisir une voie, de s’y tenir et de viser la perfection. Ce n’est pas un hasard si les véritables réussites vidéoludiques de ces derniers mois sont plutôt des jeux primitifs -Ikaruga, Viewtiful Joe, Panzer dragoon Orta, on n’en démord pas.

On pardonnera tout de même à Factor 5, le studio responsable -et coupable- de Rebel strike de s’être laissé alerter par les sirènes du multi-genres. Persuadés de tenir le shoot / dogfight ultime grâce à une critique franchement complaisante, les développeurs de Rogue squadron ont brûlé les étapes. Penser à se renouveler alors que le boulot n’était qu’à moitié terminé. Il fallait sans doute bousculer un peu les choses pour que le joueur n’ait pas l’impression de se retaper les grandes scènes de la première trilogie Star wars pour la énième fois. Le problème c’est qu’à la base, Rogue squadron était loin d’être parfait. Rien à redire sur les sensations, la maniabilité ou le moteur du jeu qui ont pu faire illusion pour masquer les véritables carences du jeu. Soit d’incroyables problèmes de rythme, des niveaux bien trop scriptés et bien trop hachés. Plutôt que de profondément repenser leur shoot, les développeurs de Factor 5 ont préféré élargir le gameplay, diversifier la maniabilité en brodant sur un canevas casse-gueule… Sans rien changer au déroulement spasmodique des missions.

Malgré le brassage des genres, Rogue squadron 3 n’est donc pas meilleur que son prédécesseur. Il réussit même l’exploit d’être plus mauvais. Les rajouts effectués par Factor 5 peinent en effet à convaincre -surtout les phases à pied, franchement atroces- et accentuent la sensation désagréable de passer du coq à l’âne au cours d’une même mission. Rogue leader (Rogue squadron 2) était un shoot certes perfectible mais cohérent. Rebel strike n’est plus qu’un produit bâtard au gameplay obsolète, perdant au passage son auréole hardcore-gamer -le jeu n’est plus aussi difficile qu’auparavant. Cela dit, ça ne suffira sans doute pas à le décrédibiliser totalement : comme la plupart des jeux Star wars, Rogue squadron 3 bénéficie d’une indéfectible aura qui rend le testeur-nerd un poil trop indulgent. Il faut pourtant voir les choses en face : surestimé, déclinant, Rogue squadron se fait complètement atomiser par le dernier Crimson skies sur Xbox. Un vrai jeu, sans licence cinématographique envahissante et sans prétentions expansionnistes.