Il y a des jours comme ça où lorsque l’on entame un jeu, la colère nous assaillent. Plus encore lorsqu’il s’agit de l’énième resucée d’une saga en déliquescence accélérée. Seule façon d’amoindrir la souffrance : retenir son souffle et mettre ses neurones en veille durant toute la durée du test pour éviter l’attaque cérébrale.

Ce n’est pas tant que Road rash soit mal fichu, même s’il n’est effectivement pas vraiment gâté par Dame Nature du pixel. Boiteux graphiquement avec ses couleurs aveuglément criardes, le moteur a plus d’un raté (on ne vous parle même pas du look des motos). Mais la plus féroce torture que nous inflige Jailbreak est de nous faire croire qu’il existe encore un large public pour un jeu dont l’intérêt est aussi minime, pour ne pas dire inexistant. Assis sauvagement sur la selle en peau de buffle du modèle 70’s Harley Goliathson, le joueur doit prouver à son gang (les Desades ou les Kaffe Boys à la philosophie partagée : frapper toujours plus fort que l’autre) qu’il sait lui aussi vider son fût de bière en une gorgée. Et que surtout, il vaut bien au guidon de sa bécane un Lorenzo Lamas, éternel rebelle de la chaîne anar qu’est TF1. On enchaîne les circuits à la vitesse d’une trottinette, temps de chargement à rallonge en prime, pour des courses tout aussi endiablées qu’un dimanche soir devant L’Arme fatale 4 (même chaîne, évidemment).

Les décors défilent à toute vapeur comme pour cacher un design répétitif. Pour peu qu’on enlève son casque (on est aux States) et qu’on s’installe devant son ventilo, on se retrouve devant un des titres qui pourrait largement prétendre à la couronne du jeu le plus beauf du moment. La grande idée de Road rash est de pimenter ses courses illicites (les flics sont là pour vous rappeler à l’ordre à coups de tonfa) par des bastons sur montures. Pour finir dans les trois premiers de la course, le joueur a donc deux possibilités. Soit il trace furieusement sa route jusqu’à l’arrivée, soit il décide de distribuer des mandales à tout va ou des coups de chaînes à tous ceux qui se rapprochent de trop. Dans les deux cas, l’ennui est garanti. Le meilleur consistant à frapper jusqu’à éclater définitivement le crâne des adversaires. Vite vu. Y compris en mode multijoueurs (à deux, à trois ou à quatre). Entre autres joyeusetés ici : la possibilité de jouer les Poncherello ou encore de tenter une petite virée en side-car. Bref, à moins de vouloir faire fuir vos amis venus s’en donner à cœur joie sur PlayStation… C’est vous qui voyez !