Plutôt étrange que de tester Resident evil 3 : Nemesis après avoir été scotché par Code Veronica (sur Dreamcast, en import). Graphiquement, rien d’étonnant à ce que l’opus 128-bits surpasse clairement le jeu PlayStation -la différence est tout de même abyssale. En revanche, on peut trouver plus curieux le fait que le plaisir de jeu soit nettement supérieur et plus intense ici que celui de l’épisode développé exclusivement pour la console de Sega. Bien sûr, le scénario y est pour beaucoup. Les premières scènes passées, les repères retrouvés, Nemesis flagelle les rétines par ses trouvailles hallucinantes en matière de frayeur ludique et, notamment, grâce à une mise en scène en perpétuel renouvellement. Surtout, on ne peut pas lui reprocher (contrairement à son cousin sur Dreamcast) de mouliner toutes les références horrifiques habituelles, ce qui aurait fait de lui un pudding monstrueusement indigeste.

Toute l’histoire se tient de bout en bout. Jill et Carlos se retrouvent à Raccoon sans réellement trop savoir ce qui les attend. Des hordes de zombies mordant à toutes dents dans les rues de la ville en ruine leur font comprendre qu’ils se sont trompés d’adresse. Pas la peine d’espérer passer ici un petit week-end au calme. Pour preuve, le jeu à peine entamé, Jill, après s’être débarrassée de quelques menus morts-vivants, tombe sur l’Horreur absolue, la plus viscérale qui puisse être : le Nemesis. Une première apparition de ce tueur né qui n’est qu’un avant-goût de rencontres successives toutes plus violentes les unes que les autres. C’est certainement la trouvaille la plus passionnante de ce nouvel épisode (bien plus intéressant que les esquives, insignifiante amélioration du système de combat) puisque, face à lui, vous avez régulièrement le choix entre deux options de jeu. Rapidement, il faut décider de l’action à entreprendre face à l’énergumène. La plupart du temps vous avez le choix entre fuir et attaquer (ou bien attaquer de deux manières différentes). Le système, qui brise assurément toute linéarité scénaristique, ne s’applique pas à ces seuls instants de pure violence et d’angoisse intensive. Les personnages secondaires agissent en dehors de votre propre histoire et, de fait, selon la rapidité d’évolution de vos personnages dans l’aventure, le déroulement des événements s’opère de différentes façons. Idée absolument géniale, bien plus valable que celle qui consiste à recommencer le jeu avec un nouveau personnage, comme c’était le cas dans les épisodes précédents. De plus, Resident evil 3 : Nemesis reprend à merveille le principe de la progression scénaristique en parallèle. Au cours de l’histoire vous êtes effectivement amené à passer d’un personnage à l’autre (de Jill à Carlos et inversement). Mine de rien, le joueur se retrouve avec la possibilité de changer en permanence ses tactiques d’approche, de combat.

Ce titre de Capcom est sans aucun doute le plus abouti du genre survival horror. L’ambiance post-apocalyptique aidant (les références au Jour des morts-vivants de Romero sont encore plus évidentes et flippantes), on a ici affaire à une expérience ludique unique et véritablement captivante.