La Porsche fait rêver. Autant le dire. Le « Je n’ai besoin de personne en Harley Davidson » n’est finalement guère éloigné du « Je veux qu’on ne voie que moi en Porsche Carrera ». Doit-on reprocher à un éditeur économiquement rationnel -Electronic Arts, en l’occurrence- de flatter les bas instincts du jeune néo urbain CSP + ? Non, en toute logique marketing. D’autant que l’éditeur, décidément malin, fait d’une pierre deux coups en s’offrant un échange marchandise des plus futés avec une prestigieuse marque d’automobiles qui font vroum. Entendons-nous sur ce premier point : Need for speed Porsche 2000 constitue un gigantesque panneau publicitaire interactif et multimédia (le top, quoi) pour la marque qui fait fantasmer 99 % des porteurs de Ray Ban (à confirmer). Mais la question reste entière : a-t-on affaire à une bonne pub ? On pourrait légitimement douter : les derniers opus de la série Need for speed ne furent guère convaincants. On en regrettait NFS 1, bigrement fun à l’époque (1995 crois-je, ce qui ne nous rajeunit pas mais passons…).

Rassurez-vous : nous vivons une époque troublée, certes, mais où l’innovation se diffuse en moins de temps qu’il n’en faut à un développeur moyen pour s’écrier : « J’ai une idée les copains : on va faire un quouaique laike ! » En l’occurrence le très joliment foutu mode « Carrière » de l’imparable Gran turismo (le roi du jeu de vroum au pays des consoles magiques) a fait des émules du côté de chez EA. On notera au passage que la diffusion réussie d’un principe console vers le marché PC est suffisamment rare pour être signalée. « Mais que se passe-t-il ? » peut-on lire sur vos visages effarés. « Les PC ne seraient plus ces incroyables machines toujours en avance d’un concept ludique ? » Au risque de décevoir le fétichiste du Pentium qui sommeille en vous, il est de notre devoir de vous annoncer que le monde PC se ramollirait sérieusement du bulbe ces derniers temps. Bref, Need for speed Porsche 2000 (amis des noms à rallonge bonjour) est un écran publicitaire doté de modes de jeu qui nous sortent du traditionnel et lassant triptyque Duel / Time trial / Championnat très répandu dans les sphères pécéphiliques. Ainsi voit-on apparaître les modes « Evolution » (de quoi revivre toute la Porsche story des années 50 à nos jours) et le mode « Pilote d’usine » (commencez comme vulgaire tâcheron pour grimper jusqu’au sommet, le poste de premier essayeur). On goûtera donc ici les joies du pilotage à long terme. Grâce à Sony (car rendons à César ce qui lui appartient), nous voilà enfin en présence d’un jeu de caisses fun et doté d’une durée de vie conséquente en solo. Chic. On regrettera le faible nombre de pistes (une petite quinzaine) qui gâte un peu l’ensemble lorsqu’il nous vient à l’esprit de le comparer au pharaonique GT 2 sur PlayStation. Mais là où la désormais poussive machine de Sony déverse malgré tous ses efforts un disgracieux amas de pixels sur nos tubes cathodiques, nos PC chéris, gonflés à bloc et accélérés 3D en hardware, nous envoient du 1024×768 du plus bel effet. Alors oui, c’est beau et globalement carré : interface nickel estampillée Electronic Arts, animation fluide, modèles physiques réalistes et tracés travaillés. Une réussite ?

Presque. Car NFS Porsche 2000 ne reste finalement qu’une version -très- bridée de l’immense GT 2, permettez-moi d’insister. Alors même si le joueur peut allègrement réduire toute cette belle mécanique très coûteuse en bouillie, malgré la licence officielle, on ne peut s’empêcher de songer au rare plaisir qu’aurait pu connaître le fou du volant aux commandes d’un GT 2 (oui, encore lui) à la réalisation aussi chromée que cette finalement excellente publicité interactive pour Porsche. Mais regardons les choses en face : NFS Porsche 2000 risque de satisfaire les dégoûtés de la télémétrie tant le pilotage reste ici instinctif (mais précis, hein, on ne joue pas à Outrun). On appréciera l’excursion hors des circuits de F1 même si, passés les frissons des débuts, la lassitude s’installe, inexorablement. Car même le luxe finit par devenir routinier … On ne résistera pas au plaisir de conclure par une essentielle interrogation à laquelle nous ne nous risquerons pas à répondre : que faire lorsque l’on préfère les Ferrari ?