Les frères Miller (les studios Cyan), sans doute devenus bien assez riches depuis le succès de Myst et de sa suite Riven, ont donc passé la main à l’équipe de Presto Studios (The Journeyman project, Legacy of time) pour la réalisation de ce troisième opus du mythique jeu d’aventures. Un détail, ce changement d’équipe : Presto Studios, c’est le moins qu’on puisse dire, a su préserver l’esprit de la série. Graphismes somptueux, atmosphère angoissante renforcée par ces décors figés toujours dépourvus de vie et une bande-son de circonstance. Myst III vous place encore une fois devant une série d’énigmes à base de mécanismes alambiqués, moins tordues néanmoins que dans les épisodes précédents. Le public (on a visé le grand, définitivement) amateur de ces exercices de logique interactifs appréciera. Une fois le casse-tête résolu, vous accédez à de nouveaux décors, suite du scénario, jusqu’au dénouement de l’aventure.
Atrus et sa famille ont encore besoin de votre aide. Dès les premières scènes du jeu, vous assistez à la dérobade du livre-monde -objet incroyable qui permet de matérialiser les univers écrits- par Saavedro, personnage venu d’un âge anéanti par les deux fils d’Atrus. Cinq îles à visiter et autant de mondes qui proposent leur propre logique avec laquelle le joueur doit se familiariser pour progresser.

Quelques innovations, comme cette vue à 360 degrés en remplacement des images fixes qui composaient les opus précédents. Ou encore l’incrustation de vidéos mettant en scène de véritables acteurs -à l’heure ou certains, dans le cinéma, tentent de s’en passer (Final fantasy)… A noter que Rand Miller himself (créateur de la série) incarne Atrus ! Hélas, s’il faut reconnaître l’exceptionnelle beauté du jeu, l’immersion encore envisageable dans l’épisode précédent –Riven présentait de véritables évolutions par rapport à Myst, premier du nom- n’opère plus. Pour bien faire, il faut se forcer à mécaniquement inspecter tous les recoins du décor à l’aide d’un curseur contextuel et s’obliger à lire et relire d’interminables parchemins. On aurait pu espérer une remise en question du concept, clairement dépassé. Une prise de risque, oui, mais telle n’a pas été l’intention des créateurs. Pas question de froisser les fidèles. N’empêche, comme s’il s’agissait finalement d’admettre l’essoufflement de la série, ceux-ci décident de clore la saga Myst avec ce troisième épisode. Triste nouvelle pour les adeptes de casse-tête interactifs à résoudre seul ou en famille, les nostalgiques des premiers jeux d’aventures micro et le cœur de cible de Télérama. Du monde évidemment, mais pas vous.