Si on devait ne trouver qu’un seul mérite à la saga Mortal kombat, c’est bien celui d’avoir eu le courage de se frotter aux ténors de la baston nippone à l’époque de la 2D triomphante made in SNK ou Capcom. Réponse ricaine aux King of fighters et autres Street fighter en séries, Mortal kombat, s’il est indubitablement parvenu à marquer l’inconscient collectif, est resté le vilain petit canard du genre. Très très gore sur l’air de « j’inquiète papa-maman avec des jeux ultra-violents », son atmosphère trans-genres, fusionnant grossièrement comics US, mangas et films HK, manquait surtout singulièrement de classe, comparé aux titres phares de ses concurrents japonais. Il faut dire que la série s’est de plus très vite fourvoyée, à grands renforts de grand-guignol, d’adaptations filmiques de plus en plus débiles et d’un passage à la 3D particulièrement catastrophique -le désolant quatrième opus sur PS1.

Ce cinquième épisode sonne donc comme une revanche, en opérant un salvateur retour aux sources de la série. Sa tendance à éclabousser l’écran avec des hectolitres d’hémoglobine ne fait désormais plus peur à personne, on a subi bien pire depuis, et l’optique transgressive/régressive s’est désormais bien trop étendue sur la majorité de la production vidéoludique pour qu’on s’offusque des giclées de sang aussi réaliste que celles des productions gore des années 70 et des arrachages de membres en tout genre. Evidemment, Mortal kombat reste un parangon du goût de chiottes, de comique bis plus ou moins involontaire : on nage allègrement dans la bile, le vomi, les pets, et le sang coule toujours à flot, multicolore rouge humain-vert lézard-noir androïde. Les clichés gothico-glauques sont toujours là, les persos atroces aux limites du ridicule aussi, même si, surprise de taille, le héros de la série, Liu Kang, se fait buter dès l’intro par la fameuse « deadly alliance » des supers-vilains Shang Tsung et Quan Chi. Si le jeu parvient malgré tout à remonter dans notre estime, c’est qu’il s’est enfin décidé à revenir à l’essentiel : moins de fatalities -une par personnage-, et plus d’arts martiaux -trois styles par combattant, dont un à l’arme blanche. Certes, on est encore loin d’un Virtua fighter 4, même si ce MKDA lui emprunte beaucoup ainsi qu’à Tekken ou Soul calibur, mais la concurrence se faisant plus rare sur cette génération de consoles, la pilule passe et en serait presque devenue agréable à avaler. C’est toujours bourrin et un peu empesé, même si la possibilité de changer de style de combat, entre les attaques ou au sein d’un seul et unique combo, enrichit substantiellement le gameplay. La polémique planant au-dessus de la saga s’étant éventée depuis belle lurette, il ne reste dès lors que l’essentiel : un jeu de fight dont on peut au minimum reconnaître l’efficacité même si on n’adhère pas forcément à son esthétique. Mortal kombat n’est de toutes façons plus le seul à franchir allègrement les frontières du mauvais goût, coincé entre l’hétéro-beauferie des jeux Tecmo et le Heihachi en couches-culottes de Tekken 4. Et même si son manque de profondeur et de style l’empêche d’être véritablement porté aux nues, sa durée de vie solo conséquente et sa réalisation plus qu’honorable devraient pouvoir convaincre les accros du genre.