Une planète recouverte de neiges éternelles, une méga-corporation malfaisante façon Umbrella, des pirates sans foi ni loi, des insectes géants et vindicatifs, un héros modélisé d’après un célèbre acteur sud-coréen (Byung Hun-Lee) : voilà le petit monde de Lost planet, jeu d’action aux proportions gigantesques faisant figure d’OVNI dans la ludothèque de la Xbox 360. S’adressant prioritairement au public occidental, coeur de cible de la console de Microsoft, Lost planet possède une maniabilité étonnante si l’on considère qu’il s’agit d’une production japonaise estampillée Capcom. Caméra libre, gestion minimaliste de l’inventaire, le titre se contrôle de la même manière que la plupart des super-productions « made in USA », Halo en tête (lancer de grenades, mapping des boutons, etc.).

Cette modernité affichée par les contrôles ne se retrouve pas forcément dans un gameplay qui se révèle pour sa part délicieusement old school : structure à base de missions successives à la progression linéaire et se terminant invariablement par un boss, intégration d’une constante rigide sous la forme d’un compte à rebours beaucoup moins anodin qu’on pourrait le croire. Le monde glacé de Lost planet n’est en effet pas là uniquement pour des raisons cosmétiques : le froid extrême qui règne sur la planète, en extérieur comme en intérieur, fait décroître l’énergie thermique du héros dont dépend directement sa jauge de vie. Aussi longtemps que le joueur possède la précieuse énergie, sa santé se recharge après les assauts ennemis. Dans le cas contraire, c’est le fatidique game over qui survient en quelques secondes. Il faudra donc constamment penser à garder cette jauge d’énergie à niveau, en récupérant du « carburant » sur les cadavres de vos adversaires, ou en utilisant balises et autres réservoirs. Le rythme du jeu, déjà fort soutenu, acquiert, grâce à ce système, une dimension frénétique supplémentaire : impossible de jouer les touristes contemplatifs, la traversée d’environnement pourtant superbes se fait inévitablement au pas de course. Le joueur n’a jamais vraiment le temps de se poser dans le décor, l’immersion ne s’envisage que dans la réalité physique de l’action, comme si Lost planet n’existait pas sans elle. Même la scénarisation, intervenant la plupart du temps entre chaque niveau, passe au second plan, petite pause sans importance, bref instant de répit avant que la bagarre ne reprenne de plus belle.

Au-delà de sa réalisation flamboyante et de son mode Xbox Live remarquable -assurément le plus ambitieux jamais conçu par Capcom-, Lost planet est autant un hymne aux grands jeux d’action de l’ère 8 et 16-bits, de Bionic commando (et son fameux grappin repris ici presque à l’identique), à Mercs ou Ninja commando, qu’une tentative de ressusciter un gameplay qui ne trouve sa justification que dans ce qui pourrait apparaître comme une simple succession de combats plus viscéraux les uns que les autres. En faisant éclater sa rage explosive à l’écran, Lost planet se sert de la next-gen pour revenir à l’ère glaciaire du jeu d’action, à ses origines les plus ataviques. Ce ne sera pas du goût de tout le monde, mais qu’importe : certains voyages ne se refusent pas.