Depuis son débarquement sur les terres hollywoodiennes dans le premier lot de yacht-people asiatique (avec John Woo suivi par Kirk « The Big hit » Wong, Chow Yun-Fat, Michelle Yeoh ou encore Jet Lee), Jackie Chan s’est taillé une carrière à la mesure de sa bonhomie athlétique. Un type qui prend le temps de vous balancer une vanne à la fraîcheur douteuse et avant que vous l’ayez comprise de vous faire sucer littéralement la roue d’une bicyclette (Le Marin des Mers de Chine), ça ne court pas les scrollings…

Avec ce titre, on a affaire à un concentré de ce que ses films ont apporté au cinéma d’action : des cascades improbables qui feraient passer L’Homme qui tombe à pic pour Pouf le cascadeur des Robins des bois. Soit un humour toujours aussi bon enfant et une fraîcheur orientale facilement comparée à de la naïveté dans notre strict Occident. Pour rester le plus fidèle possible aux péripéties du « petit homme », comment passer à côté du bon vieux beat’em-all ? Il vous faudra donc, à travers les rues pleines de mystère de Chinatown, retrouver votre vieil oncle enlevé après qu’il vous ait confié un paquet à livrer. Des explications que vous n’obtiendrez qu’à coups de mandales répétés. Seulement voilà, la période n’est pas vraiment favorable au genre bourrin, car il faut désormais au joueur lambda des frissons, de la réflexion, voire des sensations. Plutôt que de lancer un triste et banal frit’em-all, les développeurs ont préféré ajouter un peu de formes, pas si plates que ça mais finalement très classiques dans leur conception (fragiles passerelles, souffleries, plans inclinés…). Une grande idée qui se prête admirablement à la félinité de Chan. Dans des décors urbains, des intérieurs designés par Ikea mais qui gardent leur cachet asiatique, et des lieux plus underground au sens propre comme au figuré, il vous faut dénicher des masques de dragon, traditionnels items qui vous permettront de finir les niveaux. Bien cachés, souvent dans des endroits en apparence inaccessibles ou dans des caisses, lorsqu’il ne s’agit pas de simples bonus vous permettant de récupérer de l’énergie. Notez que vous en aurez de toute façon grand besoin.

A votre poursuite, des centaines de types balaises tâcheront de vous expliquer leur façon de voir le jeu vidéo. Heureusement, les acrobaties de Mr Dynamite ne vous servent pas qu’à prendre la poudre d’escampette : en vérité, il convient surtout de la faire parler, la poudre ! Ici réside la grande réussite de ce Jackie Chan stuntmaster. A votre disposition pour faire gicler les ratiches : une flopée d’attaques et de prises qui n’ont rien à envier aux folies cinématographiques du bonhomme. Les coups s’enchaînent à l’aise une fois le maniement appris sur le bout des doigts. Etranglements, fauchages, furieux enchaînements de coups de poing, lancer de crapules sur ses compagnons de fourberie… La liste est longue, d’autant que les décors sont là encore entièrement interactifs. Les tables, les chaises virevoltent dans les cantines chinoises, les instruments les plus incongrus peuvent servir d’armes (casseroles, couvercles de poubelle, poissons…). Le must consiste à attendre son adversaire près d’une pile de caisses ou d’une construction plus qu’instable qui ne demande qu’à être frôler du pied pour s’écrouler… Dommage que la réalisation soit aussi simpliste, ce qui n’empêche pas d’ailleurs quelques ralentissements. Pire : le temps de découvrir toutes les prouesses de son personnage, on se rend compte qu’on arrive déjà en fin de niveau, puis en fin de jeu… Un peu court donc.