L’heure du jugement dernier aurait-elle sonné ? En fin de parcours, les PlayStation 3 et Xbox 360 crachent leurs derniers blockbusters maisons comme de vieilles gloires de la chanson bourrées. Après un God of War Ascension qui faisait un peu peine à voir, tant tout semblait y être fait sans convictions, voici Gears of War Judgment, quatrième épisode du fleuron de Microsoft et sa console. Il n’y a pas longtemps encore hit du shooter badass imposant la nouvelle norme de jouabilité du genre (le jeu de tir à couverture), le chef-d’œuvre d’Epic semble désormais aussi fané qu’un body builder sur le retour.

 

Que s’est-il passé pour que ce modèle de précision, au gameplay trempé dans la fonte, parte en vrille ? D’abord, on pourra se demander si les départs successifs de plusieurs membres du staff d’origine n’ont pas tout simplement coulé la licence. Ensuite, en confiant le jeu à son studio satellite People Can Fly (pourtant auteur du sympathique Bulletstorm), Epic a probablement fini de saborder le navire. Ou presque. Tout n’est pas mauvais dans cet opus aux airs de spin off, on trouve même quelques belles trouvailles visuelles, comme des combats dans des tempêtes de sables dessinant de jolis gunfights en ombres chinoises. Sauf que ceci ne suffit pas à faire oublier un relâchement général du jeu, qui dans sa quête de nouveautés a fini par tout rendre confus, avec des personnages et ennemis se marchant sans cesse dessus dans des combats anarchiques. Le calibrage autrefois millimétré de Gears of War laisse place à un game-design brouillon, dans des niveaux mal fichus, conçus selon une logique bâtarde rendant le mode solo laborieux. En pensant son jeu d’avantage comme une expérience multi-joueurs, People Can Fly a fait du bricolage, bidouillant voire cassant complètement le système de progression initial (fluide et continu), pour finir par enlever tout ce qui faisait aussi le charme de Gears of War : son rythme, sa maîtrise parfaite de l’actionner couillu, enchaînant les morceaux de bravoure avec un sens de la mise en scène renvoyant Michael Bay à ses 90’s.

 

Gears of War Judgment, c’est un peu comme Die Hard 4, il y a l’emballage mais l’âme s’est envolée. John Mc Tiernan n’est plus là pour faire tourner la boutique, on l’a remplacé par Len Wiseman et ne reste plus que la nostalgie pour se consoler. Le jeu a tellement des airs de produit sous-traité au gameplay quasi-bradé, qu’il invite presque à se poser des questions sur cette époque où les studios finissent par confier leurs jeux stars aux autres (pour combien de réussites ?). On a vu pire, mais il est temps pour Gears of War de poser les armes, ranger le costume et détendre les muscles, la guerre contre les aliens peut bien se jouer sans nous.