Le genre de la simulation en temps réel a depuis longtemps trouvé son rythme de croisière, produisant bon an mal an sa cargaison de titres sans grand intérêt. Sous les blisters, l’éternelle répétition du même, soit la déclinaison facile des grandes tendances du moment, heroic fantasy ou shoots interplanétaires en tête. Reste au final une impression lancinante de déjà vu où le joueur en bon cyber-drogué vidéoludique passe quelques heures ou quelques nuits à amasser précieusement un nombre incalculable de ressources pour tout consumer dans une gigantesque boucherie finale.

Les premiers essais sur Cossacks ne dérogent pas à la règle. Comme d’habitude, les éternels conflits guerriers entre les nations aux XVIIe et XVIIIe siècles sont le prétexte à bâtir et développer des infrastructures en tout genre dans le seul but de devenir le nouveau maître du monde. Rien de moins. L’interface reprend le modèle du genre, apportant quelques modifications dans l’ergonomie générale, histoire d’affiner une jouabilité proche d’une perfection déjà exploitée dans la série des Ages of empires. Bref, le joueur n’éprouve guère de surprise à retrouver une bande de paysans dont la seule finalité sera de récolter des tonnes de pierre, bois, minerai et fer, en vue de l’érection d’une civilisation digne de ce nom, et d’enchaîner directement après la construction de sa première académie sur une confrontation des plus meurtrières entre fantassins et grenadiers.

Sauf que Cossaks a bien compris que reprendre un concept en copier-coller ne suffit plus à séduire le badaud. Résultat : les développeurs n’ont pas hésité à sortir le grand jeu et à favoriser la quantité pour une immersion totale. Si Cossacks ne se distingue pas vraiment par un gameplay révolutionnaire, il parvient à pousser dans ses derniers retranchements la simulation en temps réel, offrant un véritable coup de fouet au genre. Non seulement la frénésie du détail aboutit à une reconstitution quasi parfaite de la vie de l’époque, aussi bien dans ses aspects économiques, politiques qu’architecturaux, mais la diversité des missions aborde tous les thèmes fondamentaux de cette période charnière. Que le joueur choisisse de conquérir le Nouveau Monde ou de survivre en pleine guerre de 30 ans, la contextualisation est si poussée que la masse d’informations à gérer au bout des premières secondes de jeu risque de désarçonner les champions du genre, en les plongeant au plein cœur des événements. Gestion des flux commerciaux, évolution technologique calquée sur l’histoire des techniques et de l’actualité de l’époque, découvertes en tout genre, autant de paramètres que le joueur devra intégrer le plus rapidement possible s’il souhaite éviter de méchantes erreurs diplomatiques (comme se promener la fleur au fusil près d’un camp protestant…).

Ajoutons à ce beau tableau une IA tout simplement magistrale et la possibilité d’afficher plusieurs milliers d’unités sur l’écran. Clairement, les dernières missions, qui répliquent dans les moindres détails les grandes batailles historiques, risquent de se révéler captivantes. Cerise sur le gâteau : la réalisation offre un rendu grandiose, accentuant une atmosphère déjà très prenante, sans qu’il soit forcément nécessaire de posséder une bécane dernière génération. D’un simple coup d’œil, le joueur embrasse son petit monde en pleine gestation, observant avec bonhomie les paysans vaquer à leurs occupations ou assistant impuissant à la destruction de sa dernière cathédrale, engloutie dans un nuage de fumée. Un vrai régal.