En marge de l’édition officielle Sydney 2000 sous licence Eidos, Ubi Soft tente de glaner quelques parcelles de la manne céleste des jeux Olympiques. Face aux milliers de produits dérivés estampillés du logo officiel qui vont inonder le marché, la politique marketing se veut claire et précise. Un nom, un seul, prestigieux et connu de tous, stigmatise une ligne de démarcation entre l’ivraie et le bon grain, signe d’une qualité exemplaire. Dans les faits, tout a été mis en œuvre pour donner au titre un regain d’intérêt dans un type de jeu qui réserve d’habitude assez peu de surprises. Cela dit, que l’on ne s’y trompe pas, aucune innovation majeure ici. Le but de Carl Lewis Athletics (CLA) reste identique à celui de son interface réelle, à savoir : accéder via différentes phases prédéfinies à l’ultime place du podium, et profiter des cinq minutes de gloire attribuées à tout un chacun. Pour y parvenir, plusieurs possibilités s’offrent au joueur parmi la multitude impressionnante des disciplines de l’athlétisme, des courses aux lancers en passant par les sauts. Outre la classique identification au futur dieu du stade, un mode arcade diversifie sensiblement les tâches à accomplir et réhausse de quelques degrés la stratégie quasi absente des prédécesseurs de CLA. Evaluer les forces et faiblesses de son poulain, lui donner des conseils plus ou moins judicieux, gérer sa carrière et sa santé sont autant de caractéristiques qui sont dorénavant à prendre en compte et déterminent directement la performance du sportif. Si les débuts de votre athlète sont pour le moins catastrophiques, rendant de fait aléatoire la perspective d’une médaille, l’évolution lente mais réelle de ses résultats témoigne qu’efforts et travail sont toujours bien récompensés.

La réalisation, quant à elle, représente le minimum vital dans ce genre de simulation. La modélisation 3D des personnages et leurs gestes calquent les athlètes en chair et en os et bénéficient des dernières avancées technologiques en la matière. Mouvements de caméra et alternance de vue savamment orchestrée ne laissent échapper aucune miette du spectacle. Mais la radicalisation des décors, la présence de polygones mal affûtés touchent à l’épure spartiate et donnent parfois l’impression de jouer à un gigantesque Tétris en 3D. Pas de sueur, ni de poussière, mais des textures bien léchées appliquées comme il se doit sur tous les coins des polygones. Les commentaires trop souvent répétitifs lassent rapidement, tandis qu’un public endormi pousse à peine quelques cris devant les montagnes d’efforts fournis. Les mauvaises langues argueront que le rapport dépense d’énergie sur résultat obtenu frise la nullité la plus absolue. Encore une fois pour ce type de jeu, la jouabilité est à revoir complètement.

Le souvenir de joysticks brisés, de pièces éparpillées, de doigts engourdis et ensanglantés rappellent que les ancêtres de CLA sur consoles et autres Amiga s’apparentaient à une réelle épreuve digne des JO pourtant non mentionnée dans les manuels. An 2000 oblige, le système est complètement revu et corrigé. Ici, il n’est plus nécessaire de s’acharner pendant des heures pour voir à peine frémir son athlète. Seuls les deux boutons de la souris sont requis pour commander la totalité des actes de votre protégé. Pour ce faire, un cercle, placé directement sous le joueur, simule le cycle respiratoire et indique les moments pendant lesquels il est possible, voire conseillé, de brûler quelques calories. L’échec est total. Outre une fatigue visuelle intense, surveiller que le curseur bleu est bien situé sur le curseur vert vous fait finalement rater tout le spectacle de l’épreuve en cours. Fatigué, les doigts tout aussi crispés qu’auparavant, un regard rapide vers le haut du podium sera la conclusion d’une défaite prévisible.