On nous cache tout, on nous dit rien. Figurez-vous que ça fait une bonne cinquantaine d’années qu’une méchante guerre oppose les Russes et les Américains. Pas sur Terre où la soi-disant Guerre froide s’éternise, mais dans l’espace, à coup de conquêtes planétaires voyez-vous. A l’origine du conflit : le bio-métal, dont un échantillon s’est discrètement vautré sur la Terre en 1952. Le bio-métal est, comme son nom l’indique, un métal, mais c’est aussi une substance organique douée de mémoire. Le potentiel militaire n’a pas échappé aux scientifiques des deux plus grandes puissances mondiales. Or donc seule une poignée d’initiés est au fait de la vérité : la guerre des étoiles bat son plein et la course au bio-métal fait des ravages. Sur Terre, les recherches continuent, notamment celles du commandant Braddock, éminent chercheur américain du MIT qui a eu l’idée de fusionner du la substance avec de la chair humaine pour concevoir des soldats mutants. Résultat : les Furies, ces êtres mi-homme mi-machine programmés pour écraser l’ennemi. On ne sait s’il y a eu erreur dans le code ou si le programme est à ce point sophistiqué qu’il surpasse les intentions d’origine en octroyant une sorte de conscience à ses sujets, toujours est-il que les mutants se sont très vite rebellés contre leurs géniteurs. Du coup, obligés, les Russes et les Américains s’allient (la Force internationale de défense spatiale -ISDF- est créée) pour faire face au nouvel adversaires. L’ISDF réussit tant bien que mal à maîtriser les attaques ennemies lorsqu’un mystérieux agresseur pulvérise une base humaine secrètement construite par Braddock sur Pluton… Vu les dégâts et l’efficacité de l’opération, on suppute en haut lieu que cet ennemi inconnu pourrait bien avoir les moyens d’éradiquer la race humaine. Effectivement, telles sont justement ses intentions…

Voilà pour l’histoire. Pour le jeu à proprement parler, si l’on s’en remet aux screenshots, on a vite fait de voir en Battlezone II un énième Mechwarrior-like particulièrement bien soigné au niveau graphique (vrai que le jeu a de la gueule et il ne faudra pas manquer d’observer sous tous les angles les balades diurnes ou nocturnes en éclaireur sur les six planètes explorées). Grave erreur : souvenez-vous qu’en son temps déjà, Battlezone avait séduit les joueurs en osant un mélange action/stratégie inédit. Dans cette suite, cette spécificité est davantage développée ce qui distingue de fait le jeu des classiques « bot shooting » et lui confère un intérêt particulier. Ainsi, en plus de devoir affronter l’ennemi, il vous faudra exploiter des ressources, construire des bâtiments et, bien entendu, les défendre. En particulier le Recycleur duquel dépend les premières constructions : les pilleurs pour extraire les fragments, les éclaireurs ainsi que de nouvelles plates-formes (usines, armureries, centre technique, hangars à bombardiers, aires de réparation, bunker-relais, tourelles, etc.).

Il fait pas bon sortir sans son véhicule dans Battlezone II. Empressez-vous de dénicher un nouvel hôte métallique -une quinzaine d’engins différents au total- si le vôtre succombe aux attaques ennemies (notez au passage l’étonnante phase d’éjection automatique qui voit votre personnage propulsé très loin dans les airs). S’il est parfois nécessaire de s’éjecter de son véhicule pour parcourir quelques lieues, mieux vaut éviter de jouer les durs à pinces, car vous êtes dans ces conditions particulièrement vulnérable et pas moins repérable pour autant. Néanmoins, lorsqu’il faut inspecter certains bâtiments, avoir accès à la carte du terrain exploré par l’intermédiaire des bunkers-relais ou encore sniper une cible particulière, la pratique est immanquable et le jeu prend alors des allures de Quake-like que les amateurs ne renieront pas. Comme c’est dorénavant la coutume dans ce genre de soft, vous êtes en communication permanente avec les unités alliées et les bâtiments de la base auxquels vous signalez le plus simplement du monde vos exigences en matière de déplacement, d’attaque, de défense et de construction d’unités. Question jeu online enfin, Battlezone II vous réserve sans aucun doute des courses-poursuites du plus bel effet (à noter qu’à l’instar des Quake-like encore, les Deathmatch et autre Capture the flag sont de mise…).

Sans tache le Battlezone II ? Pas vraiment. Notons par exemple un dirigisme qui s’étale trop longuement sur plusieurs missions. Sous les ordres d’un ou plusieurs supérieurs hiérarchiques, on se contente d’exécuter une série de tâches primaires et répétitives à souhait. Par ailleurs, les missions se découpent en plusieurs phases et celles-ci doivent être achevées une à une, dans un ordre prédéfini, pour poursuivre la mission. Paradoxalement, si l’on vous mâche le travail dans la première partie du jeu -un peu longuet le didacticiel-, cette suite n’est globalement pas à la portée de n’importe quel joueur. Tant dans la prise en main et le contrôle des engins que dans la difficulté générale des missions, Pandemic Studios a mis la barre très haut. Et c’est franchement rédhibitoire que se retaper une bonne dizaine de fois des missions particulièrement longues dont il faut subir l’exaspérante linéarité.