De l’artiste Aristide Maillol, on connaît tout particulièrement l’œuvre sculpté, jeunes femmes aux formes pleines et rondes, telle sa songeuse Méditerranée visible en marbre au musée d’Orsay ou de l’autre côté de la Seine, en bronze, dans le jardin des Tuileries. Ainsi, la première grande découverte, en visitant les collections du musée Maillol, est de s’apercevoir que l’artiste fut également peintre et que ses réalisations sur toile n’ont rien à envier à celles en bronze. Si les sculptures tendent vers une simplification de la forme pour arriver à une harmonie et un équilibre parfait de la composition, les huiles semblent donner plus de libertés à l’artiste qui varie sa touche d’une réalisation à l’autre.

Pour Dina Vierny, modèle, muse de l’artiste et à l’origine de cette Fondation qui porte son nom, faire connaître l’œuvre peint de Maillol est une priorité depuis l’ouverture du musée, il y a 6 ans. Elle avait en effet été surprise, en rencontrant l’artiste en 1934, de l’amour qu’il portait à la peinture alors que sa sculpture aurait pu à elle seule emplir une vie. C’est donc à une grande première que nous invite cette exposition qui enrichit actuellement les collections du musée en réunissant des œuvres habituellement dispersées dans différentes collections privées et publiques de tous pays. Elle dévoile ainsi nombre d’huiles sur toile, sur bois ou sur carton, de dessins, de gravures, de fresques ou de tapisseries. Un véritable travail de recherches nécessaire pour nous permettre de découvrir à quel point la peinture de Maillol ne dénote pas de ses sculptures ; l’homme aime à peindre les femmes comme il les sculpte : certaines deviennent des allégories, d’autres forment des scènes champêtres ou d’intérieur dans lesquelles règne cette constante sérénité des œuvres de Maillol. Une grande douceur ressort ainsi, tant de ses sujets que de sa manière. Sa peinture est comme veloutée, elle prend un léger volume. L’huile est souple, pas étonnant que l’artiste aime autant la tapisserie qu’il qualifie d’ailleurs de « forme supérieure de la peinture ».

Les premières œuvres peintes de Maillol comprennent de nombreux paysages ainsi que des portraits dont certains adoptent un profil strict rappelant la peinture médiévale. C’est à cette même période qu’il rencontre les peintres Nabis, admirateurs des œuvres décoratives de l’Antiquité et du Moyen Age. On retrouve également cette croyance en un art plus humble que ne le permet la peinture de chevalet lorsque l’artiste travaille la fresque et la tapisserie. L’obsession de l’art mural est bien là.
Au fil des œuvres, Maillol semble procéder de plus en plus par touches légères. Sa peinture acquiert une plus grande volupté qu’incarne bientôt totalement Dina Vierny. La jeune fille se retrouve alors sur toutes les toiles et il semble que c’était déjà un peu elle qui habitait les œuvres précédentes de l’artiste…