Les Feelies, groupe new-yorkais des 70’s finissantes, post-punk intellos et primitifs du futur, se reforment et voient réédités par Domino leurs deux essentiels et séminaux premiers albums. Bonne nouvelle, on a le cofondateur, Glenn Mercer, online.

Chronic’art : Qu’avez-vous fait toutes ces années, et pourquoi reformer les Feelies aujourd’hui ?

Glenn Mercer : Depuis la sortie du dernier album des Feelies, Time for a witness, j’ai été impliqué dans divers projets musicaux et n’ai jamais arrêté de jouer. J’ai d’abord formé un groupe avec Dave Weckerman et deux amis intitulés Wake Ooloo. Ce groupe a sorti trois albums sur le label Pravda de Chicago. J’aii aussi commencé à jouer avec mes amis de The Trypes dans un groupe nommé Sunburst. Dave et moi avons également joué avec des musiciens locaux dans un groupe nommé The True Wheel. J’ai enfin sorti un album solo qui où Brenda jouait de la basse, intitulé Wheels in motion, paru en 2007 sur le label Pravda. Nous avons découvert qu’il y avait beaucoup d’intérêt porté aux Feelies puisque nous recevions un flot ininterrompu de requêtes, de la part de maisons de disques qui souhaitaient ressortir nos albums, ainsi que de compagnies qui souhaitaient licencier nos chansons ou de bookers qui souhaitaient faire jouer le groupe. Nous avons aussi remarqué que beaucoup d’autres groupes nous citaient comme influence et que nous étions devenus un sujet de conversation sur internet. A un certain moment, nous en avons discuté et conclu qu’il serait amusant de rejouer ensemble. Une fois que nous avons pris la décision de nous reformer, nous avons du trouver du temps pour y consacrer toute notre attention et cela a pris plusieurs années.

Pour quelles raisons les albums des Feelies n’ont-ils pas été réédités plus tôt ?

Nos albums ont été épuisés parce qu’ils étaient sortis originellement sur des labels qui ont perdus leur intérêt pour le groupe. Nous avions des propositions d’autres labels, mais cela a pris plusieurs années pour coordonner et compléter le projetà un niveau approprié.

Certains détails de Crazy rhythms lui donnent un côté « nerdy » (si j’ose dire), comme quand vous chantez « crazy feelies » au lieu de « crazy rhythms »… Etiez-vous des sortes de nerds musicaux ?

Je ne vois pas ce que voulez dire vous par « nerd musical », et nous chantons réellement « crazy feelin » dans le choeur parce que c’est ce dont avaient besoin les lyrics pour convenir…

Aviez-vous l’ambition à l’époque d’imprimer votre marque sur l’histoire de la musique ?

Nous ne pensions pas à « poser notre marque sur l’histoire musicale ». Nous avons voulu avoir une sorte d’impact sur la scène underground de New York, et atteindre si possible une fanbase géographiquement plus étendue, mais nous n’avons pas pensé beaucoup au delà de ça. Si ça avait été le cas, je pense que ce but nous aurait interdits d’atteindre notre but véritable, qui était de capturer, sur disque, ce que nous entendions dans nos têtes. Le groupe a débuté comme la plupart des groupes, avec des amis reprenant des chansons et jammant ensemble. Nous tous avions joué dans d’autres groupes avant les Feelies. Dave et moi jouions ensemble dans un groupe, des reprises et également quelques chansons originales. Quand le bassiste est parti, Bill nous a rejoint à la basse. Quand le groupe a splitté, nous nous sommes retrouvés tous les trois à jammer et à composer. Alors Bill est passé à la deuxième guitare et nous avons trouvé un bassiste. C’était le début des Feelies. On ne sonnait pas très différemment des autres groupes à cette époque. C’était plutôt comme du garage rock basique. Notre son s’est développé la plupart du temps de par notre volonté d’éviter beaucoup de clichés rock. En outre, le mix des voix contribuait à l’atmosphère de la chanson, les voix étant placée au cœur du mix plutôt qu’au dessus. Notre son est vraiment le résultat d’une progression/évolution que nous avons pu suivre parce que nous produisions nos propres disques. Ainsi nous n’avons pas ressenti la nécessité de suivre les chemins traditionnels…

Quel fut le processus d’enregistrement pour Crazy rhythms ?

Pour enregistrer Crazy rhythms, nous avons joué toutes les chansons comme pendant une performance live, en enregistrant juste les batteries et la basse (et peut-être une guitare de référence). Une fois que nous avions « basic tracks», nous avons ajouté tout le reste en overdubs. C’est une méthode assez commune d’enregistrement. Une partie des overdubs, cependant, étaient enregistré selon une méthode moins commune. Par exemple, au moment de faire mes parties vocales, j’ai sélectionné un type ancien de microphone (à tube) et l’ai placé dans le vestibule à quelques centimètres du mur. Ceci m’a permis de prendre la réflexion du mur à l’arrière du microphone, produisant un léger effet de delay (plutôt que d’employer un delay électronique).

Quelle était la part d’improvisation ?

Il n’y a pas eu trop d’improvisation sur Crazy rhythms. En fait, les seules parties que nous n’avions pas établies à l’avance étaient l’ouverture en solo sur Fa Ce La (bien que chaque fois que je la joue je suive la même approche) et quelques roulement s de percussions. Le break de percussions dans la chanson Crazy rhythms était réellement le résultat d’une erreur (un accident heureux) quand Anton a manqué son « cue » dans les écouteurs et que nous avons prolongé la section centrale de trop de mesures. Notre ingénieur n’était pas très utile pendant les sessions d’enregistrement et n’a jamais suggéré l’édition de bande. Ainsi, nous avons dû remplir l’espace par quelque chose et décidé d’ajouter les parties de percussions pendant le break avant que les guitares ne reviennent. Maintenant c’est une partie si cruciale de la chanson que je ne peux pas l’imaginer autrement.

Vous étiez très jeune à cette époque. Etiez-vous des « boys with perpetual nervousness » ?

Nous étions tous dans nos vingtaines où moment où nous avons fait Crazy rhythms. Quant à être des « boys with perpetual nervousness », je n’irais pas aussi loin. Certaines situations me rendent anxieux, mais je me sens réellement à l’aise en jouant la musique. Aller sur scène peut causer une certaine nervosité, mais beaucoup moins au fur et à mesure des années. Traiter avec le business de l’industrie discographique est un peu en dehors de ma « zone de confort », mais rien dont je ne puisse m’arranger.

Propos recueillis par

Lire notre chronique de Cray rhythms / The Good earth.
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