Des tambours de l’Afrique en passant par les ondes de Miami du blanc Diplo et le hip-hop minimaliste de Timbaland, la gamine M.I.A, qui sort son album Kala, se fraye un chemin parmi la petite porte de la foule mainstream, sans pour autant dénaturer sa pop atypique, qu’elle déroule au kilomètre.

Chronicart : Quel type de musique te donne l’envie de continuer à t’exprimer, au-delà des influences ? Je pense notamment à des artistes de notre environnement, des artistes actuels ? La plupart des artistes ont du mal à parler de leurs contemporains…

M.I.A : Je citerais Peaches, Fuck the pain away. Je l’ai entendu et vu en concert, cela m’a donné la pêche. Autrement je dirais Bugz In The Attic, Loose lips, que j’ai écouté à la radio et j’aime beaucoup.

Tes racines musicales semblent provenir aussi bien du reggae que du dub, de la pop de l’electro, du hip-hop et du bailey funk. Peux tu nous expliquer la génèse de tes projets ?

Ma mère m’a toujours dit que la variété constituait l’epice de la vie de tous les jours. Je pense que j’ai pris son conseil très au sérieux.

Tu as composé l’album Arular, puis ta mixtape et ensuite Kala, mais tu es également très prolifique en matière de peintures, de design et de graffiti…

L’artwork pour Kala a été fait sur la route, vraiment « on the road » pendant mes voyages de tournée. Je n’ai pas cessée de tourner depuis la sortie d’Arular, mon premier album. Je n’ai pratiquement jamais eu le temps de revenir chez moi pour plusieurs jours afin de me poser et pouvoir penser posémment, home sweet home. J’ai donc été quasiment tout le temps en activité artistique, côté peinture et graffiti, artwork de cet album par exemple. Je dessine beaucoup. Les choses qui me passionnent et qui m’ont inspiré le plus pour cet artwork proviennent d’un patchwork varié. Mais je dois dire que j’ai été beaucoup inspirée par les posters de vieux films africains de serie B et série Z. Par des posters de films politiques aussi, des tracts provenant de mouvements révolutionnaires indiens et autres. J’ai fait un travail de bootlegger sur leur couleur, j’ai insisté sur le fait de peindre la vie tel quel apparaît à l’oeil, au moment ou tu vois qu’un flyer ou un poster peut devenir une oeuvre. L’esprit général était de mettre en avant un maximum d’éléments graphiques très flashy et brillant, avec un côté cheap, emballage de boite de céréal à bon marché et un côté voyeur. Le flash, le cheap et le voyeurisme, trois dénominateurs communs pour moi pour représenter parfaitement le monde.

Tu as dis dans la presse que Kala était ton dernier album ?

Au moment où je te parle, je pense toujours la même chose. Il est important de bouger, artistiquement ou non, pas forcément toujours dans la meme direction. Je suis peintre et j’aime les couleurs, toutes les couleurs du monde, pas seulement celles de la musique.

Propos recueillis par

Lire notre chronique de Kala