Udolpho, titre éminemment référencé puisqu’emprunté au roman gothique d’Ann Radcliffe, « The Mysteries of Udolpho », a tout du disque « littéraire » sans jamais tomber dans le jeu de piste indigeste pour esthète. Le conteur-narrateur est affairé à raconter toutes sortes d’histoires fabuleuses, dans un registre romantico-gothique, où il sera souvent question de princesses et de châteaux, de princes et de crapauds.

Chronic’art : Vous venez de deux univers musicaux assez opposés ou tout du mois assez différents : pouvez-vous résumer votre parcours musical respectif avant ce projet commun ?

Ben : Moi, c’est un peu compliqué. Effectivement, j’ai commencé à faire des groupes de rock, en tant que bassiste, à partir de 13 ans. Des trucs un peu néo-psychédéliques et un peu musique progressive… Soft Machine, Pink Floyd, tout ça. Ensuite, plutôt une direction vers des choses post-rock avec Don Caballero, Battles… Storm & Stress, que j’adore. Parallèlement, j’ai commencé le violoncelle, il y a 8 ans. J’en avais fait un peu lorsque j’étais enfant mais j’avais arrêté au bout de 2 ans : en fait, ils ne voulaient plus de moi ! (rires) Je me souviens que j’avais joué un truc, ça devait être la berceuse de Schuman et que j’avais désaccordé extrêmement mon instrument parce que j’avais peur de jouer ! C’est une image qui me revient des fois en concert ! Plus tard, j’ai commencé à jouer à Nantes, avec des folkeux : This Melodramatic Sauna d’Effervescence, j’ai joué un peu avec le projet de Matt Eliott, sur quelques dates… Et puis, il y a 3 ans, on a commencé à jouer ensemble, avec Marc, sur les nouveaux morceaux que Marc avait fait après son projet 3 Guys Never In…

Dont il va nous parler à l’instant !

Marc : Moi, j’ai commencé à jouer dans des groupes quand, vers 17 ans, à Caen, j’ai répondu à une petite annonce des Foolish Bird qui cherchaient un nouveau chanteur. Et j’ai passé une audition. Ils auditionnaient pas mal de types et ils cherchaient aussi un bassiste et moi j’avais l’avantage, sur les autres, d’avoir un ami bassiste qui voulait jouer avec moi aussi, Frédéric Deslias (aujourd’hui metteur en scène). On a donc fait un groupe avec les Foolish Bird – le batteur et le guitariste – sans le chanteur mais avec Fred et moi. On a fait un disque, auto-produit, que tu n’as sans doute jamais écouté.

Je ne savais même pas que ça existait !

Bon ! Je ne t’en dirai pas plus parce que je ne l’assume pas trop ! Alors, ensuite, je suis allé à Tours et c’est là que j’ai rencontré deux camarades de musicologie avec lesquels j’ai fait de la musique. C’étaient les deux seuls qui écoutaient à peu près les mêmes choses que moi. Ca c’est bien passé mais on a un peu abordé ça n’importe comment alors quand est sorti le disque, on s’est rendu compte que ça ne marchait pas du tout sur scène. Donc ça a été l’horreur, de la sortie de l’album jusqu’à la fin ! Un vrai chemin de croix ! Parallèlement, je suis arrivé à Nantes où j’ai vu pas mal de groupes et ce que j’ai vu m’a influencé. Les groupes d’Effervescence, ça me plaisait: The Healthy Boy, My Name Is Nobody… Je trouvais que, au moins, il se passait quelque chose sur scène, qui était bien. J’ai réalisé que ça ressemblait à ce que je faisais avant de jouer avec Julien et Nicolas, de 3 Guys Never In, alors j’ai essayé de refaire des chansons plus de la façon dont je les faisais avant. Et ensuite, j’ai rencontré Ben mais, autrement, j’étais parti pour faire ça vraiment tout seul.

Justement, les chansons d’Udolpho sont signées à deux : quelle est la part de chacun dans ce que l’on entend ?

(long silence) Marc : Les textes ne sont pas signés à deux… Tu veux parler de la musique…

Quand on regarde les crédits de la pochette, on voit simplement une co-signature, sans précision…

Marc : C’est parce que, en fait, pour des raisons d’entente cordiale, on a tout co-signé à deux !

Ben : Mais je n’ai pas écrit une virgule, effectivement !

Marc : Pour faire un partage Sacem à 50/50… Mais la part de Ben est juste dans les compositions. Et s’il ne fait pas les chansons, il fait la plupart de ses arrangements au violoncelle. Et, surtout, c’est plutôt rythmique, ce qu’il fait sur la musique…

Ben : Oui, j’essaie d’apporter un aspect qui n’est pas toujours dans le morceau d’origine. Finalement, on écrit aussi un peu les contre-chants à deux, par rapport à la voix…

Marc : Tu as ramené plein de trucs que je n’aurais jamais mis !

Ben : Oui, des choses qui viennent un peu de mon passé post-rock.

Je trouve qu’on remarque le songwriting pop-folk de Marc et, dedans, des incursions de Ben sur des plans à la Steve Reich, Nico…

Ben : Oui, ou My Bloody Valentine, aussi. Des trucs qui shoegazent un peu… même si ça reste acoustique !

Vous travailleze ensemble depuis trois ans, avez-vous tenté ou envisagé d’autres formules que celle qu’on découvre aujourd’hui sur le disque, qui est très fidèle à ce que l’on entend sur scène ?

Ben : Au début, ça n’était pas très figé… On avait parlé d’avoir un batteur…

Marc : Au début, je voulais une batterie. Des trucs juste essentiels pour assurer la mélodie et le rythme. Le violoncelle était bon pour tous les arrangements, le côté mélodique. Et la batterie, ça aurait été vraiment pour avoir l’essentiel, rythmiquement, mais en fait, la batterie, ça aurait voulu dire que Ben aurait eu des difficultés à jouer. A s’entendre.

Ben : J’ai joué plusieurs fois avec des batteries et, quand on fait du violoncelle, je préfère vraiment jouer en acoustique. Certains arrivent à le faire : jouer des instruments à corde avec de gros projets comme Godspeed : je ne sais pas comment ils font pour les sonoriser. Mais ils jouent sur de très grandes scènes, pour qu’il n’y ait pas de feedback. Et, moi, ça ne me va pas car, rapidement, je n’entends plus du tout ce que je fais. Je préfère mille fois jouer de la basse dans un projet rock, comme je peux encore le faire actuellement dans Puanteur Crack, qui est un projet noise qui donne le moyen d’avoir du son. Mais avec Marc, j’ai freiné des quatre fers au sujet de la présence d’un batteur car ça enlève une partie des possibilités… Ou alors, il faudrait des percussions assez fines. Mais ça n’est pas exclu. Du coup, notre format à deux est très light. Il faut juste trouver une sorte de biotope plus intimiste. Sans batterie.
Marc : Si on développait l’idée des percussions, il faudrait plus de monde…

Ben : Il faut voir ça dans le sens où s’il y avait un élément rythmique, je pense aussitôt au fait que la musique puisse devenir plus dansante ou plus puissante. Donc sur les morceaux, ça apporterait peut-être quelque chose, sur certains passages mais, dans l’essentiel, ça n’apporterait pas grand-chose. Et on s’est mis d’accord là-dessus. Sur le disque, on aurait pu en rajouter, par contre, mais on est allé vers un parti pris un peu « ayatollesque » : une contrainte et un cadre assez rigides, peu d’arrangements, etc. On a essayé un vibraphone mais ça ne marchait pas au niveau des timbres. Ca ne marchait pas. On avait pensé à des trompettes, à du cor anglais… Finalement, on n’a pas poursuivi.

Marc : On n’a pas trouvé « le » musicien ! Il aurait fallu utiliser des trucs synthétiques. Des émulations. Du coup, ça ne collait pas avec le côté « pur » de ce que l’on voulait faire.

L’esthétique très crue, sans artifice, donne un côté assez intemporel à l’album, au-delà de l’aspect formule scénique… Udolpho sort aujourd’hui mais aurait pu sortir en 1969 comme en 1989 autant qu’en 2009… Il y avait l’envie de sonner « intemporel » ?

Ben : Non ! On n’a pas réfléchi dans la perspective d’avoir quelque chose d’intemporel, en soi, mais dans l’idée d’avoir un cadre très rigide, de s’y tenir, ce qui permet de broder autour mais de ne pas se perdre. D’un autre côté, la contrainte, c’était le risque de se répéter. Plus le cadre est rigide – même si on n’est pas dans des idées du style interdiction de faire des Fa dièse ! -, plus ça donne des contraintes qui donnent un disque que j’aime, en fait. Mais dont la formule est difficile : je ne nous vois pas faire deux fois un disque avec autant de contraintes et si peu d’instruments.

Marc : Moi, je trouve, au contraire, que c’est justement quand tu poses un tel cadre, aussi rigide, avec deux instruments, tu t’aperçois qu’il y a énormément de choses à faire. Rien qu’avec ça. Et, du coup, il y en avait suffisamment pour faire un disque. Je pense même qu’on pourrait faire un deuxième disque comme ça mais on ne va pas le faire. On va essayer d’ouvrir.

Si vous n’êtes pas dans une optique intemporelle, qu’est-ce que ce disque a de contemporain ?

Marc : Il y a les constructions des chansons qui montrent que ce n’est pas un disque qui vient de la fin des années 60, par exemple. Elles sont pas si classiques que ça : tu n’as pas le couplet refrain, couplet refrain et pont… Généralement, il n’y a même pas de refrain sur ces chansons. C’est très mélodique mais on ne s’aperçoit pas forcément qu’il n’y a que trois phrases, sur certaines… Du coup, on passe de passages purement musicaux, dans des chansons – et sur des titres comme The Photograph of Gerry, ça peut durer trois minutes alors que le chant aura duré une minute – à des passages très courts, chantés… Après, tu vas me citer des types qui ont fait ça, sans doute… Mais je ne parle pas des exceptions, je parle de la norme qui prévalait à l’époque.

Ben : La formule « duo » est peut-être plus répandue, de nos jours, également. Je pense qu’auparavant, tu avais soit la figure du songwriter qui était seul – ou avec grand orchestre, s’il avait du succès et qu’il avait plus de moyens – ou du groupe, style quatuor. Il y a beaucoup de projets qui tournent en duo, aujourd’hui, pour des raisons de moyens, notamment. Je pense à tous les duos guitare-batterie… Ca permet aussi d’aller à l’essentiel. Je ne connais pas l’Histoire des duos mais j’ai l’impression qu’il y en avait moins auparavant.

Pour rester sur les parallèles entre ce qui est ancien et moderne, si Udolpho était, au XVIIIe, un roman pour jeunes filles, est-ce que Udolpho, au XXI°, est un album pour jeunes filles ?

Marc : Euh… (long silence) Non ! Pas du tout, je ne pense pas ! Je fais la musique qui me plait et je ne suis pas une jeune fille du XXIe siècle. Je fais ça plutôt pour les gars comme moi. J’espère.

Tu veux totalement éviter un public féminin ? (rires)

Ben : Je pense que chaque projet trouve son écosystème, son public. Ceux qui vont aimer, ne pas aimer. Sans distinction de race ni de sexe ! (rires)

La pochette du disque renvoie une image désuète ou précieuse. Cette image à une histoire, est-ce que vous pouvez nous en donner la genèse ?

Marc : On n’avait pas du tout d’idée, pour cette pochette. On voulait faire, à un moment, un truc un peu taï chi, un peu zen… On a pensé à plein de trucs… Mais on n’avait pas d’idée précise…

Ben : Et puis on était en pleine fin d’enregistrement et c’était difficile de libérer de l’espace disque pour penser à quelque chose de visuel. On avait le nez dans le guidon. Et il y a eu cette amie qui nous a proposé plein de choses…

Marc : Et notamment quelque chose à partir d’une photo de mes dernières vacances en Ecosse. Voilà. Qu’elle a décidé de broder.

Ben : Elle l’a d’abord fait passer dans un filtre Photoshop, avec un effet canevas. Nous, ça nous a fait marrer. Elle a ensuite brodé, elle-même, cette pochette.

Marc : Elle a décidé de le broder car ça faisait pas mal écho à ce copain qui disait, aux concerts, bourré : « Hey, c’est vraiment de la broderie, ce que vous faites ! » (rires). Voilà !

Ben : C’est exploitable, les private joke, dans les interviews ? (rires)

Si ça crée des vocations de brodeur dans le public ! Les chansons du disque sont truffées de clins d’œil picturaux, comme Arnold Böcklin, cinématographiques, comme Van Sant ou littéraires comme Ann Radcliffe… mais vous donnez l’impression de vouloir éviter de dévoiler des sources strictement musicales : là encore, est-ce intentionnel ?

Marc : Oui. Avec 3 Guys Never In, on n’a fait que ça. De dire qu’on aimait truc et machin. Que ça, c’est une citation de truc et cætera. Donc, là, j’ai voulu éviter ça. Mais on peut t’en parler, des références musicales, ceci dit !

Pourquoi pas ?

Ben : Il y a une différence entre un sample « voilà un extrait d’un machin que j’aime bien, c’est trop cool » et ça ne va pas plus loin que ça, si c’est bien intégré, musicalement – une citation, où tu peux carrément reproduire des thèmes d’un compositeur, et une influence. Je pense qu’on a plein d’influences mais qu’on n’est pas allé au-delà, comme plein de groupes, et qu’on veut éviter le plagiat.

Marc : Et aussi parce que nous ne sommes pas spécialement dans la référence dans ce projet-là. Il y a des mélodies qui me font penser à ce que j’aime bien dans l’opéra italien, des trucs que j’écoutais tout petit, des phrases… Le côté guitare « léonard-cohénisant », c’est parce que j’ai écouté ça tout petit aussi. Mais il y a plein de gens qui sont des influences de ce qu’on a fait. Il y a des trucs évidents, comme Smog, qui me semble évident, sur des plages violoncelle-guitare…
Ben : John Cale, aussi ! Le velvet avec ce violon strident. Et même certains de ses albums que j’avais écoutés un peu avant.

Marc : Et il y a un peu toutes les folkeuses comme Julie Doiron… J’ai écouté plus de filles à guitare que les équivalents masculins !

Ben : Ou Nina Nastasia, pour les arrangements…

Marc : Ca, je n’aime pas trop… Il y a eu aussi l’effet Magnetic Fields. Je me suis mis à n’écouter que ça ! Déjà, sur l’album de 3 Guys Never In, certaines personnes m’avaient dit : Il y a un côté Magnetic Fields ». Mais je ne connaissais pas. J’avais bien entendu un titre, à l’époque de 69 love songs ça m’avait vraiment plu mais je n’étais pas allé au-delà… Et je suis tombé sur Tarnation de Jonathan Caouette. Un film où on entendait un titre de Magnetic Fields et là, je me suis fait l’intégrale et c’est devenu obsessionnel. Je ne sais pas quelle est la part d’influence sur le disque en lui-même, mais il y a au moins un titre, Before you say goodbye, où j’ai essayé d’extérioriser ce que j’ai aimé chez Stephen Merritt. C’est le plus évident. Le titre où la mélodie évoque le plus les Magnetic Fields. Pour le reste, on a 30 ans tous les deux, on n’écoute plus des masses de nouveautés…

Ben : Je ne suis pas hyper-mélomane… J’écoute peu de trucs nouveaux… C’est vraiment la synthèse de ce qu’on a pu faire. On ne peut pas dire qu’on a révolutionné ceci ou cela, ça serait déplacé. Mais je pense qu’il y a aussi quelque chose de simplement personnel dans ce qu’on fait.

Marc : Ca n’est pas spécialement référencé à chaque fois ou à chaque phrase. Ca n’est pas « musicalement » référencé. D’ailleurs, ça ne parle pas plus spécialement de tableaux ou de machins, c’est juste que ça part beaucoup d’images… De photos, de peintures, de films… Plus que de musique…

Il y a ce morceau qui fait un clin d’œil à Kevin Shields : c’est par rapport au musicien ou par rapport à ce personnage un peu légendaire, presque de roman, qu’il est devenu ?

Marc : En fait, c’était surtout parce que les paroles ont été écrites après la musique et que j’avais envie d’écrire une grosse ligne de basse à la fin… Qui me faisait penser à une ligne de My Bloody Valentine. Du coup, j’ai fait les paroles en fonction de la phrase qui arrive à la fin et qui pourrait être du My Bloody Valentine (il chantonne).

Ben : Oui, avec cette superposition du violoncelle, plein de sons qui vibrent et qui frottent, comme ils le faisaient avec le vibrato… mais en acoustique, sans distorsion… C’est le seul moment du disque où il y a une surenchère de pistes !

Marc : C’est le seul truc qu’on n’est pas capable de refaire sur scène ! Mais c’est vrai que c’est Kevin Shields sans l’être : on indique seulement « K .S. » et ça fait tout de suite personnage de roman. C’est un petit clin d’œil. Parce qu’on essayait de faire un plan shoegazze… mais folk ! Et puis j’ai du penser à Kevin Shields parce que j’étais tout seul à la mer pendant un mois… En fait je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à Kevin Shields ! (rires)

La seule invitée musicale, de tout le disque, est Carla, de Mansfield Tya : comment s’est fait la connexion ?

Marc : C’est une copine de Ben et c’est une fille que je connais depuis longtemps car, quand j’étais à Tours, elle était aussi en musicologie. Elle m’a même donné un cours de violon… Il doit bien y avoir presque dix ans de cela…

Ben : On s’est rencontré séparément. Elle jouait extrêmement bien du violon. Elle jouait aussi dans le quatuor de This Melodramatic Sauna. Je l’ai rencontrée à ce moment-là. Elle est toujours prête à donner un coup d’archet à droite ou à gauche, pour un projet. C’était très sympa qu’elle nous donne un petit coup de main.

Le disque est enregistré par Le Coq et mixé par Miguel Constantino et Olivier Ménard. Là encore, comment s’est fait la connexion ?

Marc : Pour Le Coq, c’est parce que j’avais entendu le disque qu’il avait fait chez lui et que ça sonnait super-bien…

Ben : On a donc fait une première session avec lui, dont on a gardé pas mal de choses. Et on en a fait une autre, car sur la première, il y avait des choses mal faites, surtout par moi. On a ré-enregistré, fait un premier mix avec Miguel et un fini, avec Olivier Ménard. C’est vrai que j’avais un peu peur d’avoir enregistré dans des lieux différents, avec du matériel différent, des mix différents et que ça pouvait avoir un mauvais impact alors que le son est relativement homogène, au final. Ca a été masterisé à Paris par un gars qui s’était déjà occupé des 3 Guys Never In, Wilfried, qui a fait un très bon master. Donc, sur une période de 8 mois avec des temps de vacances, on a fait quelque chose de très laborieux et pas très méthodique, mais on s’en est bien tiré.

On parlait de la dimension intemporelle de votre musique et donc, d’une certaine façon, de son aspect pas strictement contemporain : est-ce difficile de sortir un disque comme « Udolpho » ?

Marc : Pour nous, ça a été très particulier parce que j’ai un éditeur depuis 3 Guys Never In. Même s’il aurait pu refuser le projet, on n’a procédé à aucun envoi… On ne peut même pas répondre à ta question car ça ne s’est pas posé… C’est finalement un disque qui sort sans que beaucoup de gens l’aient écouté. Aujourd’hui, la plupart des disques sont faits et écoutés avant d’être signés… Le nôtre était signé et on avait le contrat de distribution alors que le disque n’était même pas fini.

Ca vous enlevait toute la pression qu’ont les autres musiciens ?
Ben : Au contraire ! Si tu sais que des gens sont intéressés et que tu fais un truc qui n’est pas bien, ça peut être refusé. On peut te dire « Revoyez votre copie » !

Marc : Moi, j’avais la pression de par le fait de faire les choses tout seul et qu’à un moment, quand tu est seul, sans feedback, tu n’es plus apte à déterminer si c’est bien ou pas, si le violoncelle est trop fort ou pas… Et je pense qu’on a fait pas mal d’erreurs qu’on aurait peut-être plus évitées si on avait eu quelque chose à prouver, d’abord, aux professionnels, avant de pouvoir sortir le disque… Des erreurs de mix, essentiellement… On savait que c’était signé et que du coup, il y avait une deadline pour finir le disque parce que sinon, il aurait fallu attendre deux ans avant de le sortir.

Ben : A la fin, comme je te le disais, on avait le nez dans le guidon, pas de recul… Et plus tu te rapproches de la deadline, plus, au contraire, tu aurais besoin de recul…

Tu parlais de ton arrivée à Nantes qui avait été un déclencheur sur ce que tu voulais vraiment faire… Est-ce que, de ce fait, vous vous définiriez comme un groupe nantais ?

Ben : Géographiquement ! Et puis, ici, il y a une scène folk, très marquée, sans doute plus que dans d’autres villes… Et on en fait partie. On est assimilé à cette scène nantaise, aux duos…

Marc : Dans la mesure où Ben a pas mal joué sur les disques des groupes Effervescence, qu’on a enregistré avec Le Coq qui est d’ici, Miguel Constantino mixe tous les disques Effervescence, Carla est à Nantes aussi… C’est hyper nanto-nantais !

Propos recueillis par

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