1. Mulholland drive

David Lynch

Le Vertigo des années 2000, le grand vertige lynchien. Avec Mulholland drive, le cinéaste méditatif avait trouvé la formule idéale de son art : un récit minimal (une apprentie comédienne déchante en arrivant à Hollywood), des oppositions primaires (peur, désir, terreur, amour, etc.), des visions venues de nulle part, le tout ramassé dans une sorte de romantisme caverneux et glamour à mort.

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2. Eyes wide shut

Stanley Kubrick

Le film de fin de siècle absolu. Avec Eyes wide shut, et la mort de Kubrick dans la foulée, le XXe siècle s’est définitivement refermé sur cette lecture définitive du capitalisme (« capitalisme et schizophrénie » eut été un autre titre possible, s’il n’avait pas déjà été pris). Le siècle ne pouvait pas survivre à cela, il faut maintenant tout réinventer.
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3. Time and tide

Tsui Hark

Le film début de siècle absolu. Avec ce temple formel s’est ouvert le siècle nouveau, où tout peut arriver à l’image. Sa dissolution comme son apothéose, sa fracture définitive comme sa réconciliation, et peut-être tout cela en même temps. La frénésie des échelles impulsée par Tsui Hark (du moléculaire au cosmique, et vice versa) prophétise quelque chose, c’est sûr, mais quoi ? On le découvre chaque jour, film après film.
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4. Starship troopers

Paul Verhoeven

Le film de bourrin ultime est aussi l’un des plus finauds de la décennie. Paul Verhoeven  plonge Ken et Barbie dans une guerre gore contre des insectes géants venus de l’espace, et c’est tout le spectacle hollywoodien qui plonge. Dans cet univers asexué où les militaires portent les impers de la gestapo, la logique du de l’industrie du divertissement est poussée dans ses derniers retranchements, et dans les orties aussi.
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5. 2046

Wong Kar-wai

Les chants d’amour du Hong-Kongais nous bercent depuis bientôt vingt ans. Mais suite au succès phénoménal de In the mood for love, c’est la crise. Tant mieux : WKW accouche avec 2046 un film un peu monstrueux, labyrinthe technoïde et velouté dont l’étoffe, mélange de tristesse insondable et de beauté de cristal, se tortille autour d’une myriade d’images crépitantes.
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6. Tropical malady

Apichatpong Weerasethakul

Apichatpong Weerasethakul aura accompagné, et guidé, la longue marche sylvestre du cinéma contemporain, de plus en plus attiré par le repli en forêt. Pour y chercher quoi ? Des clairières, le lieu d’un repos, d’un ravissement et d’une rencontre. Celle que le cinéaste thaïlandais filme à la torche fluorescente, entre un tigre élégiaque et un soldat tremblotant, restera comme l’une des plus belles jamais vues à l’écran.

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7. Gerry

Gus Van Sant

Au sein d’une trilogie imparable (GerryElephantLast days), Gerry trône et rayonne depuis son désert, où viennent se perdre Matt Damon et Casey Affleck. Désertique, le film est aussi rempli jusqu’à ras bord par son horizon, à la fois esthétique (une beauté littéralement effroyable) et affectif (un traité déchirant sur l’amitié). Une déflagration dans le ciel trop tranquille du cinéma moderne.
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8. La Ligne rouge

Terrence Malick

Pas facile de choisir entre les deux chefs-d’oeuvre qu’a donné Malick ces dix dernières années : La Ligne rouge, et Le Nouveau monde. Choisissons le premier, donc, au moins pour saluer le retour du cinéaste après Les Moissons du ciel, et vingt ans de silence. Malick atteignait avec ces deux sublimes montagnes un panthéon où siègent les plus grands, et d’où il nous envoie des images à classer parmi les plus géantes qu’ait donné le cinéma.
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9. A.I.

Steven Spielberg

Là encore, plutôt qu’un seul film, un salut à la métamorphose de Spielberg au sortir des années 90, traversée par le cinéaste au rythme d’un humanisme rampant. La métamorphose commençait avec A.I., grand film de torture mentale accompagnée d’une exécution radicale de l’enfant-qui-sommeille-en-nous. Spielberg ne s’en remettra jamais, et c’est tant mieux : il venait d’inaugurer, peut-être, la période la plus féconde de sa carrière.
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10. Le Village

M.Night Shyamalan

Le marabout Shyamalan livre son chef-d’oeuvre à partir d’une histoire gadget où l’on met absolument ce que l’on veut : métaphore de l’Amérique autiste, plaidoyer pour le repli ou au contraire pour la confrontation avec l’altérité. Toutes interprétations nulles et non avenues puisqu’on a affaire ici à tout autre chose : du simulacre, la fabrication du faux étalée au grand jour et sublimée par une mise en scène éblouissante.
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