Le nom de Ben Stiller est suffisamment évocateur pour que sa seule présence dans Même pas mal ! marque le film du sceau des comédies gentiment trash, style Mary à tout prix ou Starsky & Hutch. Le roi du politiquement incorrect a choisi le bon filon : impossible de rester de marbre devant cette farce en forme d’hymne à la crétinerie humaine. Car décidément, l’équipe que doit former Peter LaFleur (Vince Vaughn) pour remporter la compétition de DodgeBall et sauver sa salle de muscu des griffes de l’égocentrique White Goodman (Ben Stiller, hilarant), est le paradis des losers en tous genres : du jeune étudiant coincé rêvant d’avoir sa place dans l’équipe de pom-poms girls à l’entraîneur dingo assommant d’un coup de ballon bien senti les membres de sa dreamteam, Même pas mal ! offre une magnifique galerie de personnages secondaires, contribuant chacun à son tour au rythme effréné de la comédie.

Le fait d’avoir choisi comme prétexte à l’histoire un sport tel que le DodgeBall (qu’en France on connaît plutôt sous le nom de balle au prisonnier), plus proche de la cour d’école que des Jeux Olympiques, est révélateur de l’esprit dans lequel a été conçu l’ensemble. Parce qu’aucune seconde du film n’est vraisemblable, il faut accepter Même pas mal ! pour ce qu’il est -et il s’en revendique comme tel- : une entreprise absurde, où les héros sont de délicieux cinglés qui se font tabasser pour le plaisir sadique d’un spectateur élevé au rang de bourreau. Dans la pure tradition du slapstick, plus les coups que reçoivent les personnages sont violents et insoutenables pour tout être humain normalement constitué, plus les gags sont réussis. C’est peu de dire que les raclées qu’on administre à cette équipe de nuls, auxquels le film n’offre aucune pitié, sont d’une violence foncièrement drôle.

Construit sur le modèle de nombreux produits du même genre, Même pas mal ! n’est toutefois qu’imparfaitement réussi : comment ne pas regretter qu’au moment où on aimerait que le réalisateur donne le coup de grâce à ses personnages, il décide finalement de les sauver ? Pourquoi faut-il que le personnage principal, le chef de cette bande de losers irrésistibles, soit inintéressant et fade ? Rien n’est plus frustrant que de voir une bouffonnerie aussi débridée aboutir à un happy end gnangnan et ultra prévisible, sauvé in extremis par un ultime pied de nez. Peut-être ne manque-t-il au fond à la comédie qu’une réelle ambition de cinéaste : la vouer sans concession à la délirante misanthropie dont Même pas mal ! est au bout du compte trop superficiellement pourvu.