Paul Butler et Aaron Fletcher, alias The Bees, ont seulement 23 ans, mais sont déjà de vieux briscards de la musique. Leur premier album ensemble, Sunshine hit me, est une ode cool au soleil, rythmée par les meilleures influences afro ou latino-américaines, mâtinées de pop mélodieuse. Interview.

Chronic’art : Votre biographie ?

On s’est connu à l’école à 13 ans et on a commencé la musique à 15 ans. On a commencé comme tout le monde avec des guitares, en écrivant des chansons. On a ensuite tout arrêté pour faire de la techno, de l’electronica, pendant quelques années. Et puis on en a eu marre des machines, et on est revenu aux guitares et aux chansons… il y a cinq ans environ. On est revenu à nos bases : le funk, le groove, et les chansons.

Vous pensiez avoir fait le tour de la musique électronique ?

Non, il y a toujours des choses à explorer avec tous les outils. Des gens comme Aphex Twin ou Squarepusher réinvente le genre à chaque album. Nous y reviendrons sans doute un jour.

Vous vivez sur l’île de Wight, en plein milieu de la Manche. Cette situation géographique a-t-elle influé sur votre musique ?

Oui, on n’aurait pas fait la même chose à Londres ou dans une grande ville. Là, on était au calme, on n’avait pas de pression. On était chez nous. De ce fait, le disque est très détendu. Et puis on a tous nos repères là-bas, on y a toujours vécu. C’est une île ou le climat est relativement agréable, en fait, et où il fait bon vivre. Je vis à deux ou trois miles de la côte, un endroit qui n’a pas beaucoup changé depuis des millénaires. On s’y sent complètement détaché de l’humanité…

Le disque ressemble à un voyage, ou à une vision concentrée du monde : un peu d’Afrique, d’Amérique latine, d’Amérique du Nord…

Oui, tu as raison. C’est sans doute du à notre isolement sur une île. On voyage en faisant de la musique. Tous les morceaux sont différents, comme différents pays, même si on y retrouve des points communs, comme le rythme, les harmonies vocales. Nous sommes de gros collectionneurs de disques. Notre musique reflète aussi notre culture. Les rythmes roots de l’Afrique mariés avec un triangle. Un morceau peut devenir très différent avec un seul élément, comme le triangle sur Punchbag, qui donne une sensation d’espace… La structure, la base, est africaine, rythmique, cyclique, mais avec des éléments occidentaux.

Ce pourrait être un album-concept sur le soleil ?

Effectivement. Mais on n’avait pas prémédité ça. C’est maintenant que tu le dis… Le nom du groupe, le titre, la plupart des chansons, c’est vrai, tournent autour de l’image du soleil.

C’est un album un peu « stoned » aussi, non ?

(rires) Oui, c’est vrai. Mais on peut l’apprécier sans avoir fumé. Et même, je pense que la musique peut provoquer des effets semblables à la drogue, simplement en se laissant écouter.

D’où vous est venu l’idée de reprendre le standard brésilien A minha mehina ?

C’est un ami qui nous a fait découvrir ce titre. On avait dix chansons, et on voulait faire une reprise. On a choisi celle-là pour son riff de guitare. Mais on connaît plus le morceau par George Ben que par les Os Mutantes. Sa version est beaucoup plus traditionnelle et brésilienne que celle des Os Mutantes, qui y ont rajoutés l’inspiration des Beatles, ce côté psychédélique… Qu’on adore aussi !

Propos recueillis par

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