Première-née du label Canal OTT (Over The Top, a.k.a le turfu), offre de séries au format court destinée à Canal Play, à une audience relativement jeune (entre 15 et 34 ans), résolument tournée vers le genre (thriller, horreur, SF, etc.) et à être regardée sur d’autres écrans que la sacro-sainte télévision, FRAT est une séduisante tentative de faire de la fiction autrement en France. Contant l’histoire d’une unité spécialisée dans la déradicalisation de djihadistes, la série nous plonge au coeur d’une affaire et d’un compte à rebours qu’elle voudrait haletant consistant à soutirer à Sébastien, jeune converti prêt à mourir en martyr, des infos concernant un attentat imminent.

Entre le thriller paranoïaque, les jeux de pouvoirs psychologiques et tout un jeu sur l’identité de personnages assumant divers rôles, FRAT ne manque justement pas d’identité, d’idées et d’envie de proposer une expérience nouvelles, mais c’est malheureusement en tant que série qu’elle pêche. A cause du format court ou d’une histoire bien trop chargée pour ce format, la série ne propose qu’une seule arche narrative lui offrant rapidement des allures de long (bout à bout, la série fait 45 minutes) court-métrage dont on aurait coupé chaque scène afin de proposer une structure épisodique. Regardée d’une traite, la série se tient et maintient l’intérêt mais une fois un épisode vu dans le métro puis un autre à la pause déjeuner, est-ce que l’intérêt et l’efficacité de l’intrigue sont assez forts pour pousser le spectateur à relancerun épisode pour son trajet du retour ? Rien n’est moins sûr et tout dépend du dernier épisode qui aura été vu.

Sur la fin, la série prend de l’ampleur et réussit son coup : nous donner envie de voir la suite une fois le dernier épisode et son cliffhanger “surprise” vus. A ce moment, FRAT prend in extremis des allures de véritable série ayant encore des histoires à nous raconter, mais n’est ce pas trop peu trop tard quand ce qui aurait dû arriver à la fin du pilote arrive à la fin de la saison ? La réponse se trouve sans doute du côté du format de la série et d’une forme d’écriture qui va demander une politique d’ouverture à l’expérimentation que l’on espère Canal OTT encline à mener.
En l’état, si le coup d’essai n’est pas un coup de maître, FRAT n’en reste pas moins la proposition et la promesse d’une nouvelle façon de faire de la télé en France franchement excitante pour la suite.