Quatrième opus pour le Breton Yann Tiersen, même si celui-ci n’est qu’un EP avec certains morceaux déjà connus (La Crise, La Rupture présents sur le précédent album Le Phare). Pour faire patienter le fan sans doute. Plus de chansons chantées ici, moins de dépouillement (le toy-piano n’est plus trop là) mais une inspiration bretonne toujours présente dans la musique (La Crise avec son flux et reflux au thème mélodique) et dans les textes (Les Grandes marées, Tout est calme), qui continuent de s’ouvrir encore aujourd’hui à d’autres univers. Notamment le thème de la séparation, abordé dans l’ensemble des chansons chantées : Les Grandes marées, Tout est calme, La Rupture (du film d’Eric Zonca La vie rêvée des anges), La Relève et La Terrasse. Mais un thème contenu à l’état latent dans l’ensemble des morceaux comme s’il s’agissait d’un concept-album à la mode seventies. La Crise, La Pharmacie après la crise, La Découverte après la rupture, sont autant de lignes mélancoliques, de souvenirs contenus et de regrets accumulés. Tout n’est donc pas si calme dans la vie de Yann Tiersen…

Mais tout est toujours aussi beau, aussi simple, aussi limpide dans sa musique. Jamais trop, ni trop peu : les arrangements collent parfaitement à l’ambiance de l’ensemble ; tendus quand La Crise est vécue, douloureux quand La Rupture est consommée, d’une tristesse contenue alors que La Relève s’avère difficile, évanescents au moment du souvenir de ce déjeuner à La Terrasse du café d’en face.
Le tout avec un remarquable quatuor à cordes (très Shellerien) sur Tout est calme, d’ailleurs entièrement joué par Tiersen lui-même en re-recording (sa technique fétiche, semble-t-il), ce qui démontre encore la qualité et la virtuosité de ce musicien d’exception. Un disque pour ceux qui ont connu les tristesses de la fin d’un amour. Pour tous donc…