Disko B est un excellent label de techno, doté d’une personnalité peu commune : humour, provocation, sensualité même (grâce notamment à la géniale Miss Kittin !) et une qualité constante sont ses caractéristiques. Il abrite aussi le non moins excellent sous-label International Deejay Gigolo, mené par DJ Hell. Cette compilation permet d’avoir une idée du ton du label : beaucoup d’electro, un peu de minimal techno, from Detroit, Berlin, Vienna or New York ! On retrouve donc I-f avec son tube électro Space invaders are smoking grass (ou plutôt tous les joueurs de Space invaders ont arrêté de jouer pour fumer et composer la BO imaginaire de Space Invaders -la fascination pour les jeux old school va de pair avec l’amour de l’electro, pour une esthétique electro-fi cohérente). Sluts’n’Strings et DJ Godfather font dans l’electro bien membrée à la Force Inc., Krok fait dans le Kraftwerk (tiens ! Étonnant !) et Will Web accouche d’un tube (Damnation). Phoenicia et Shake ressemblent à de l’abstract électro (Rephlex style), Uni et Keith Tucker tapent dans le registre de Jeff Mills, Synapse dans celui de l’ambient électro, Le Car (pas Le Tone ni La Düsseldorf !) s’amuse et rend hommage à ses concitoyens de Detroit d’il y a 18 ans. Flexitone (à ne pas confondre avec Flextone sur Rather Interesting) est très minimal techno (avec des sons à la Joey Beltram circa 1990), ainsi que Frankie Carbone, le côté sombre en plus. Spacelings & Bassheads s’amusent à faire peur en faisant trembler leurs synthétiseurs, 4E (auteur d’un excellent album très krautrock sur Mille Plateaux) livre avec Head rush un titre vertigineux de talent dans le genre ethnelectro (n + x).
Enfin, le meilleur pour la fin, un inédit de Mu-Ziq, typique du héros de planet Mu, mais tellement beau ! « With this series, the revolution has begun » disent-ils dans le livret : preuve supplémentaire que Disko B est un label qui aime plaisanter. Cela dit, une révolution avec le sourire, pourquoi pas ?