L’itinéraire d’un enfant gâté par le son, dans le bon sens du terme. Ou l’histoire fabuleuse d’un minot qui découvre le monde de la musique entre deux rives (l’Afrique et l’Europe), résumée en une douzaine de titres. Il naît dans les vapeurs faussement speed du 13ème arrondissement parisien mais ne rate pas une seule occasion pour aller rendre visite à la terre bénie de ses ancêtres. Son père, Francis Bebey, l’initie aux rythmes subtils de la tradition camerounaise et le laisse ensuite s’enivrer de sons étrangers dans l’univers électrique de la capitale française. Piano, formation classique dès l’âge de six ans, dix ans de conservatoire. Saxophone et découverte de la musique noire américaine à travers les opus de Duke Ellington, Nina Simone et autres Stevie Wonder.
Reconnu comme étant un petit génie de l’accompagnement, on le retrouve aux côtés de quelques grands noms de la variété française (Charlélie Couture, Jean-Michel Jarre, Julien Clerc…). Fatigué d’être considéré dans certaines formations comme le nègre de service, chargé de ranimer uniquement les peaux de percus sur scène, il met son talent de multi-instrumentiste au service de Jazz d’Echappement, un sextette expérimental, qu’il monte avec succès, en compagnie de son frère et de Mbappé Etienne (un bassiste émérite de sa génération). Suivent d’autres collaborations, avec Salif Keïta notamment. Des références typées, façon Dibango ou Shepp (Archie le Jazzman). Puis l’envie de marquer fortement son territoire, en forgeant sa propre identité et en s’appuyant sur un parcours qui n’a pas toujours été simple, l’amène à bosser sur un concept original. Celui de Paris Africans.
En deux mots, cela signifie: revendiquer sans concession son africanité profonde, sans omettre de signaler au passage son cosmopolitisme de parigot convaincu. Cela donnera naissance par la suite à sa principale formation et à cet album (tous deux du même nom). Avec tout un discours basé essentiellement sur une ouverture au monde, qui refuse toute forme de discrimination. On y retrouve l’éclectisme supposée des lieux de son enfance, avec à ses côtés le guitariste Claude Py, le bassiste Ngando, le batteur Tchangou et l’accordéoniste Sucetti. Au menu: compositions originales et relectures personnalisées de Fela Kuti, Jimmy Hendrix et autres Coleman. Mélange de genres et roots inspiration. Une musique qui se veut pimentée et colorée. Un hommage surtout à l’Afrique et à l’Europe via Paris.