Damned ! Les Irlandais sont toujours aussi bons et toujours autant tournés vers le passé. Du moins la jeune génération. Divine Comedy nous la joue classique, The Prayer Boat serait, quant à lui (Emmett Tinley est la tête pensante et chantante du groupe) plutôt du côté du grand folk-rock lyrique des années soixante-dix. « C’est le chant qui m’a toujours le plus ému, déclare-t-il. Les grandes voix comme celles de Joni Mitchell, Nina Simone, Tim Buckley et même Frank Sinatra. » Que du beau monde, qu’on aime beaucoup nous aussi. Et c’est vrai que l’on n’est pas loin de ces voix soul de folk blanc [sic]. Les Buckley sont partout présents ; le père pour la voix haut perchée sans (trop de) lyrisme (comparée à celle de Jeff) et le fils pour le côté rock de l’ensemble. Car tout ceci est bien du rock (un peu folk sur It hurts to lose you, un peu jazz sur Soon the stars will steer me). Ce qui nous rapproche de… Radiohead ! Eh oui, le groupe de Tom Yorke n’est jamais loin -depuis OK computer– dès que l’on parle de rock lyrique et de belles mélodies tendres et mélancoliques (à la nique des Cranberries, tac ! bien fait !). C’est devenu la référence incontournable aujourd’hui (écoutez donc ce nouveau groupe belge du nom de Arid !).

Avec The Prayer Boat, on navigue (elle est bonne !) en dehors des eaux territoriales de Radiohead même si on n’est jamais bien loin. D’abord la voix de Emmett Tinley donc, tout en jeux de gorge puis de tête avec un souffle très travaillé et des intonations inspirées du Brian Ferry grande époque (comme Thom Yorke). Ensuite la construction des chansons (Dead Flowers avec son crescendo sur toute la durée de la chanson, Balance et sa caisse claire rebondissante, etc.). Enfin les arrangements (mélange de guitares acoustiques et électriques en ligne claire ou en saturation, arpèges de piano et nappes de claviers). Mais bon, c’est plutôt réussi (surtout Dark green et ses violons, et In my arms again, belle ballade qui clôt l’album) et on n’a rien à se mettre sous la dent avec le groupe de référence tant cité au-dessus. Alors, allons prier sur le bateau.