Douze ans d’existence (dont huit chez EMI sous le nom de Terrorvision) et à peu près autant d’âge mental, peut-on dire au sujet des quatre Anglais de Bradford. Et ces popstars joyeux drilles ne se contentent pas de faire semblant : fêtards dans leurs textes, ils le sont également dans la vie. Ainsi, Tony Wright trouva l’inspiration d’un des singles de ce nouvel album à l’issue d’une nuit bien arrosée de Tequila. Si détrempée d’alcool que le chanteur irresponsable -à qui l’accord parental souhaitable pour le visionnage de « Beavis et Butt-head » aurait dû être refusé tout net- s’est pris pour Superman, s’accrochant à la façade d’un Hard Rock Café. Une chute, deux chevilles plâtrées et une casquette de plomb plus tard, naissait l’hymne Tequila, célébration de la boisson traîtresse, au cours de laquelle Tony clame sa faiblesse, sans -ouf !- se repentir.
Ce seul morceau d’anthologie aurait suffi à mériter le détour auditif, mais les Terrorvision font mieux que cela. Ils offrent à tous les accros de pop à l’anglaise une ribambelle de chansons accrocheuses et toniques, sur lesquelles on retrouvera parfois la patte d’Edwyn Collins ou celle de John Cornfield (Supergrass). Revival oblige, le glam ressort du placard le temps d’une paire de titres. Si, après avoir écrit les très bolaniens tendance électro-boogie Can’t get you out of my mind et On a mission, les Terrorvision nient toute affiliation spirituelle à T-Rex, on veut bien passer l’été à venir à raser le duvet des pêches. Même chose s’ils prétendent ne pas connaître McCartney (Scarabée végétarien de son état), qui aurait pu signer When I die, ballade au piano velours des tympans sensibles. Et comme un hommage brit-pop n’arrive jamais seul, Left to the right évoque une version de Sympathy for the devil remaniée et interprétée par Blur.
La Lola des Kinks y passe également : rebaptisée Joséphine et devenue transsexuelle, il/elle est l’héroïne d’une des chansons les plus subversives de l’album. Le reste s’inscrit dans une veine similaire, c’est-à-dire agréable, légère, sans jamais flirter avec le révolutionnaire. A ne surtout pas oublier, la plage mystère qui conclura en beauté ce divertissement auditif de bonne facture.