L’an dernier, notre cher pays avait appris à apprivoiser -un peu- les deux glaçons finlandais que sont Mika Vainio et Ilpo Vaisanen, alias Pan Sonic. Par le truchement de leur collaboration avec Alan Vega ,VVV, on apprenait qu’en Finlande, on savait faire de magnifiques écrins pour les fous. Mais ce n’était qu’une escapade, aussi intéressante soit-elle. Avec A, le duo, désormais installé en Espagne, revient à ses amours analogiques. Chez Pan Sonic, le numérique, connaît pas -ou si peu. On préfère se concentrer sur de bons vieux générateurs de sons, pour leur faire cracher des structures sonores parfois à la limite du silence, mais pourtant si chargées en ambiances. Des sons à vous faire entendre autrement les bruits du quotidien. Que l’on veut bien nommer aujourd’hui « techno minimaliste ». Ce qui ne fait pas vraiment sens. Car chez Pan Sonic, le morceau est toujours riche, même dans le respect le plus strict de la sobriété.
La répétitivité est à l’honneur, et souvent, elle s’enrichit de passages aléatoires, de contre-temps malicieux (Lomittain), ouvrant de nouveaux chemins dans un genre qui avait déjà bien été fouillé par les deux compères sur leurs deux premiers albums (le premier, longtemps indisponible, vient d’être réédité aux Etats-Unis, on le trouve donc parfois en import).

Les boucles, follement contenues, corsetées (Askel), atteignent désormais le plus souvent une élégance très pure. Clairement, Vainio et Vaisanen ont progressé dans la maîtrise de leur art, avant tout du bidouillage. Mais n’est pas génial tripoteur de potard qui veut. La musique de Pan Sonic peut sembler un peu intellectuelle, souvent abstraite. Rien n’est moins vrai. C’est en fait un tissu sonore qui s’adresse au corps, qui souvent récupère certains de ses rythmes (A-kemia). Et qui, finalement, forme une trame de dix-sept morceaux terriblement humains et intrigants.