Gerhard Potuznick continue de sortir des disques, c’est la bonne nouvelle que vient nous annoncer ce premier album de Ted Minsky, sorti sur le label Angelika Koehlermann. Le label du plus underground électronicien autrichien était un peu en stand-by ces derniers temps. On est content de le savoir toujours en activité, d’autant que d’autres sorties sont attendues impatiemment (on pense à Boulder Dash, projet electro-solo d’un des membres de dDamage). Fan des eighties, Gerhard Potuznick n’est pas bêtement nostalgique et a su ne jamais se laisser enfermer dans la vague electro rétro de ces dernières années, à la différence d’un label comme International Deejay Gigolo, qui n’en finit plus de recycler et de se recycler. Les saillies opérées avec le glam computérisé d’Electronicat hier ou la pop de Ted Minsky aujourd’hui témoignent d’un esprit d’ouverture qui fait de Angelika Koehlermann un des labels les plus intéressant en Europe aujourd’hui.

Ted Minsky est un jeune créateur de mode, qui fait chanter madame Minsky sur des variations electro-pop délicates. La mode et la musique électronique n’en finissent pas de célébrer leurs épousailles arty. Mais comme c’est pour le bien de la cause musicale, nous ne pouvons qu’approuver. Puisque ce premier album s’avère charmant, audacieux, découpant des costumes chamarrés d’un peu tous les genres musicaux : guitares saturées sur In mir, beats discos acérés et claviers Eurodance sur C’est fatal, batteries réverbérées new-wave sur Porqué hablo, parlé-chanté à la Chicks on Speed sur Proportional, petites guitares électriques sur le plus beau morceau de l’album Hab dich lieb. Le tout ponctuellement accompagné de douces petites notes de petits claviers ou de flûtes numériques, apportant la touche pop ludique qui gagne notre sympathie. Le disque joue à l’équilibriste entre psychédélisme et lo-fi, pas très loin d’Anne Laplantine ou des constructions pop 2002 de Morr Music, avec une tendance au mélange velours-vinyle qui sied très bien à la voix décadente de Madame le Ted.

Sur ces 15 titres chantés en anglais, allemand ou espagnol, la compagne de monsieur Minsky fait de la pop électronique un nouveau théâtre de quatre sous. Chantant comme un oiseau dépareillé ou une Björk aux coutures apparentes, avec ostentation et maladresse, emphase ou timidité, la belle voix de Madame Le Ted fait de ce disque un objet mutant et touchant.