Il ne faut pas prendre la musique de Roudoudou trop au sérieux. Le Parisien nage dans un univers de dessins animés où l’enfant est roi. Spontanée, ludique, souriante sont ses attributs. Après quelques titres pour diverses compilations, un premier album en 1998, Tout l’univers, Listener’s digest, Roudoudou revient avec Just a place in the sun, album enjoué et ensoleillé. L’histoire d’un éternel gamin, d’un garçon qui passe son temps devant la télé, avale dessins animés et ingurgite programmes d’enfants en tous genres. Le Parisien a 39 ans, peu importe, pour nous il est ce personnage-jouet qui le représente. Et quand Roudoudou regarde la télé, c’est autant pour l’image que pour le son. La musique d’illustration est reine, Jean-Jacques Perrey ou plus récemment Le Tone sont proches. Une musique encrée dans les 70’s qui s’imprègne de clichés yé-yé (les chœurs), d’allusions latines ou d’imitations de crooners (Blue bubbles où il parodie avec brio un certain Elvis).

Une musique principalement instrumentale, qui ne paraît pas électronique tant les samples et les instruments traditionnels se côtoient et se mélangent. Trompette, basse, guitare, clavier et chants parcimonieux, la présence du Fender Rhodes de Laurent de Wilde y est pour beaucoup, mais au delà, c’est tout l’esprit de Roudoudou qui nous amène dans une B.O. des 70’s. Une B.O. légèrement déglinguée, qui insuffle une gentille folie communicative. Walking on the moog alterne entre gimmick classique de funk et générique façon James Bond. Dubbies theme bahianese et Mayonnaise s’amusent de sons électroniques hilarants, Jean-Jacques Perrey n’est pas bien loin, les Shadocks non plus. Parfois, un rythme disco intervient, kitch à souhait, pour des clins d’oeils façon Sacré Français de Dimitri From Paris, en plus consistant tout de même. Blue bubbles noie un rock latino sous une myriade de bulles imaginaires, la reprise psyché de Caravan narre les aventures hallucinées d’une bande de baba sous peyotl perdue dans le désert mexicain à la recherche d’un Jésus et de sa vérité.

Chez Roudoudou, les titres des morceaux annoncent toujours la couleur : Opération Super Dragon ne peut être qu’un un film de kung-fu et Bounty Tamouré nous débarque sur une île océanique, accueillis part les musiques traditionnelles de quelques populations locales que Roudoudou se plait, évidemment, à détourner. Partout, il y a ces choeurs féminins, discrets dans leur présence, grandiloquents dans leur substance. Mais un titre ne devrait tarder à se détacher de l’album, le morceau Just a place in the sun, single potentiel parfait inscrit dans la lignée du Peace and tranquility to earth (du premier album Tout l’univers) : quelques arpèges de guitares simples et enjouées, un rythme break beat sautillant et quelques murmures de harpes alliés au chuchotement de Blandine Serre… Rien de bien compliqué, tout est immédiat, plaisant et accrocheur comme un bon morceau pop dont on ne peut se défaire. Mais si la musique de Roudoudou s’emplit de clins d’œil et de second degré, jamais le garçon ne se moque, il s’attache plus à mettre en scène le côté ludique des styles qu’il parcourt et se plait à l’exacerber.

On ne dira pas que Just a place in the sun est un disque essentiel, mais c’est un disque qui amène un ton léger sans jamais tomber dans la facilité, un disque kitsch mais jamais pauvre, un disque pour grands enfants qui refusent de se prendre au sérieux.