Okra – 2) Rain shower – 3) Natchez shopping blues – 4) Your lips – 5) Harlem county girl – 6) Zora – 7) Young mama – 8) Bubber (If Only) – 9) Father blues – 10) Jungle jay – 11) Krane. Compositions de Olu Dara sauf 8 de Olu Dara & Mayanna Lee et 10 de Olu Dara & Nas.

Olu Dara (voc, g, bass drum, cornet, trompette aborigène), Kwatei Jones-Quartey (g, perc), Ivan Ramirez (g), Rudy « Obadeli » Herbert (Hammond B3), Alonzo Gardner (b), Richard James (congas), Greg Bandy (d, perc), John Abrams (ts), Melba Joyce, Joyce Malone, Cantrese Alloway, Darada David, Mayanna Lee, Nas (background vocals). Enregistré à New York, date non indiquée.


Enfin ! Olu Dara, qui a joué du cornet sur plus de cinquante albums, a été plus occupé ces dernières années à faire de la musique pour le theâtre et la danse -il a collaboré avec des stars comme Dianne McIntyre, Rita Dove et August Wilson- qu’à jouer du jazz. Surtout, ses fans avaient pratiquement abandonné l’espoir de voir enregistré son magnifique groupe, l’Okra Orchestra, qui a fait le bonheur des New yorkais dans les années 80. Et bien que In the Third World ne rende pas parfaitement l ‘extraordinaire atmosphère de fête, il nous donne notre content d’Olu Dara, fin conteur qui s’aide de sa guitare et de son cornet pour raconter ses histoires. Né dans le Mississippi, Dara a fait partie des Jazz Messengers d’Art Blakey et était un familier de la scène des lofts de New York dans les années 70, jouant avec entre autres Lester Bowie, David Murray, Henry Threadgill. Au début des années 80, on l’avait retrouvé à la tête de son Okra Orchestra, mélange explosif de blues du delta, de swing et de rythmes caraïbes, Henry Threadgill et Craig Harris faisant souvent partie de la fête. Ils mêlaient leurs improvisations aux histoires mi-chantées, mi-parlées de Dara. In the Third World nous présente aussi de la musique pour théâtre de Dara, comme Rain shower et Young mama, et souligne son attachement au blues du Mississippi avec Natchez shopping blues et Father blues.

Son fils Nas apparaît sur Jungle, dans lequel le rappeur multimillionnaire nous donne une vision angoissante de la vie dans les rues de New York. Cette attitude semble de façon fort intéressante très éloignée de celle de son père, poète et musicien cosmopolite, élevé à la campagne et qui semble la décontraction même. Ces deux façons de vivre se juxtaposent de façon touchante quand Dara termine l’album avec une berceuse, Kiane : « My little baby boy, I’ve told you some stories tonight, haven’t I ? » (Mon petit garçon, j’t’en ai raconté des histoires, hein ?).