Lunatic Calm a été calibré avec le plus grand soin pour cartonner sur le terrain même où Prodigy et quelques autres ont ouvert des brèches l’année passée. Attendez-vous donc à recevoir un déluge de décibels qui, s’il puise sa source dans des samples furieux et des rythmes marteaux, n’en dédaigne pas moins quelques riffs de guitare de temps à autres -c’est pour mieux les démantibuler (certains sons joués puis samplés sont assez proches du travail qu’ont pu effectuer sur ces mêmes guitares les Young Gods). Passé ce postulat que Lunatic Calm est une machine à engranger (éventuellement) des hits, l’ensemble reste cependant d’une redoutable efficacité. Les adeptes du Big Beat devraient se laisser séduire par cette mixture aux beats lourds et les tenants de l’orthodoxie bruitiste à la Nine Inch Nails ou Ministry pourraient également y trouver leur compte. Il n’empêche, mis à part certains titres qui privilégient une structure globale du morceau et une mise en atmosphère –Neon Ray, Long Shadows– en lieu et place de l’agression sonique ou du gros son, on ne voit pas bien ce qui, dans la musique proposée par ces « Cinglés Calmes », pourrait remettre en cause les fondamentaux d’une dance music déjà axée depuis plus de deux ou trois ans sur les mêmes arguments. Bien évidemment, Fuze, Roll the dice ou Punkwhitenoisething vous permettront, sur les pistes de danse, d’exsuder vos mauvaises graisses et autres bourrelets malvenus en ayant l’impression d’être à la pointe d’un mouvement, encore faudra-t-il démontrer que ce mouvement pointe dans la bonne direction…