Pas très étonnant que cette production se soit vraiment fait attendre : Myst, le précédent rejeton des frères Miller s’est dispersé en masse sur la planète à quelque 3,5 millions d’exemplaires ! Comprenez, Riven, c’est sa suite. Le premier épisode forçait le respect de part ses qualités techniques. Les graphismes, les sons, l’ambiance… le joueur réussissait sans peine à s’immerger totalement dans les décors sublimes de l’île désertée. Le plus fort de tout, c’est que finalement Myst n’est pas d’un grand intérêt ludique. Il est plat, linéaire et il ne s’y passe jamais grand chose. Que seule l’ambiance exotico-mystique engendrée suffise à clouer devant son écran le joueur captivé est donc en soi un véritable exploit.
Cette sombre histoire de rivalité fratricide est élucidée. Mais Atrus fait une seconde fois appel à vous pour débarquer dans l’archipel de Riven et délivrer Catherine, sa femme, kidnappée par Gehn, son père, l’ennemi tout puissant dont il avait vaguement évoqué l’existence dans Myst. Voilà pour l’histoire.

Quasiment quatre ans après (deux ans de retard !), l’exploit est réitéré, surpassé même, avec ce Riven. S’il est dû, en grande partie, à l‘importance du budget et des moyens consacrés à sa réalisation (nombreuses stations Silicon Graphics, 35 personnes à temps plein…), reconnaissons tout de même les talents d’infographie des personnels de chez Cyan (la boîte des frères Miller) et de chez Red Orb Entertainment (une division de Broderbund) : visuellement, Riven est une grande claque dans la gueule ! Les personnages filmés sont finement intégrés dans des décors de synthèse époustouflants de réalisme, les paysages grouillent de détails subtiles et mouvants, et les animations sont sensationnelles. Il faut se voir transporter à toute zingue d’île en île par ces téléphériques déjantés !
Le tout servi par des sons et des musiques d’ambiance à vous glacer les artères. Terriblement envoûtant.

Rappelons pour finir qu’en plus d’être une obsédante exploration, Riven est un jeu. Il vous faudra continuellement apprendre à déjouer les mécanismes diaboliques (façon Jules Verne) de l’archipel, qui mettront d’ailleurs bien plus à mal vos neurones que ceux du premier épisode. Beaucoup trop d’ailleurs car Riven est vraiment costaud. Disons que ça vous laissera le temps d’apprécier les quelques 4000 images du jeu.