Gomez, deux albums au compteur dont un gros buzz avec Bring it on. Un groupe capé (lauréat 1998 du très convoité Mercury Award) et jeune, mais qui n’entend vraisemblablement pas le rester en mettant sur le marché, comme le ferait un vieux briscard, une collection de faces B, une reprise, un remix (78 stone shuffled) et quelques pièces de concerts au son crasseux. N’en jetez plus…

En fait, pas de lobbying (où sont les fans ?) ou de pression marketing (bien que la pub anglaise insiste lourdement sur la reprise dispensable de Getting better des Beatles) pour justifier cette sortie. C’est dans la tête, docteur… L’anxieux Tom Gray rassemble ses brebis égarées sous la dénomination ironique d’Abandoned shopping trolley hotline pour préserver son équilibre. On ne va pas faire dans l’explication de texte, ni dans l’analyse freudienne. Mais force est de constater que ce qui est bon pour son moral n’est pas totalement mauvais pour nos oreilles. Abandoned shopping… recèle quelques bons morceaux qui démontrent l’inventivité mélodique assez vaste (bien que parfois trop téléguidée par le saint esprit McCartney-Lennon) de Gomez et d’autres plus accessoires qui répondent au genre de la compilation. Il rappelle surtout que les Stone Roses continuent de marquer leur temps. Pour le reste, point trop d’affolement mais quelques plaisirs rock baggy (Bring your lovin’ back here), pop explosée, reggae branleur (Hit on the head), country anglaise (The Cowboy Song) ne mangent pas de pain. En ce sens, Abandoned shopping… s’inscrirait bien dans une discothèque idéale, pile à côté de la collection du même acabit, mais un peu plus réussie de Grandaddy (The broken down comforter collection).

Le problème, s’il en est un donc, est que Gomez suscite encore l’intérêt ; le type d’intérêt qu’on peut porter à un groupe solide et en devenir, mais qui offre ainsi à boire et à manger dans cet âge de surabondance. Bref, l’achat peut se justifier (12 titres, pas de foutage de gueule), mais en période de soldes, tout de même.