Giant Sand est le groupe de Howe Gelb, Joey Burns et Joey Convertino, quand ces deux derniers ne sont pas occupés avec Calexico. C’est surtout une perle du rock américain qui est toujours restée ignorée du grand public, quand Calexico recueillait tous les suffrages pour une musique pas si différente, entre folk percussif boisé et exotisme frontalier, mais amputée du talent d’écriture d’Howe Gelb. Car Giant Sand, c’est surtout cet homme, fondateur du groupe à Tucson en 1980 et agitateur tranquille de la scène indé US depuis vingt ans.

Cette compilation éditée par V2 en France opère un retour en beauté sur les dix dernières années d’activités de ce groupe confidentiel mais pourtant initiateur de l’engouement international pour la musique et les musiciens de Tucson, Arizona. Espérons que cette sélection de chansons de ce groupe important ouvrira les yeux et les oreilles des irréductibles ignorants. Car l’amplitude que ce groupe a atteint en dix ans est un exemple d’intégrité artistique et de talent mélodique Entre le projet OP8, injustement ignoré, avec Lisa Germano, et le dernier album Chore of Enchantments, produit par John Parish, Giant sand a toujours frôlé l’excellence, la folk-song westen parfaite, à la même hauteur que Neil Young ou Lee Hazelwood, que le groupe s’amuse à reprendre fréquemment.

Giant sand s’inscrit ainsi dans une certaine tradition folk-rock américaine, celle des duos de Lee et Nancy (Sand avec Lisa Germano), du song-writing intimiste et introspectif (magnifique dans l’album solo de Howe gelb, Hisser, évoquant la mort de l’ami et premier membre du groupe, Rainer Ptacek), et plus récemment, de la pop indé (Evan Dando des Lemonheads ou les Bangles s’invitant sur des morceaux du groupe). En ce sens, cette musique est traditionnelle et qui sait, dans quelques années, on la trouvera peut-être folklorique, comme l’image figée d’une époque et d’un lieu circonscrits. A ce titre, elle ressort des classiques de la musique, exemplaires et éternellement inspirateurs.

La rétrospective de Giant Sand ressemble ainsi à celle de l’histoire du rock américain dans son ensemble, exotique et chic de ce côté-ci de l’Atlantique (voir la pléthore d’artistes français partis enregistrer à Tucson : The Little rabbits, The Married Monk, Jean Louis Murat). Elle trace aussi le visage de cet homme discret mais passionné, Howe Gelb, qui a dédié sa vie à sa musique, en lonesome cowboy sage et authentique, humble et incroyablement talentueux. Espérons que ce trésor musical ne restera pas plus longtemps caché.