A chaque concert de musique hybride, il est toujours agréable de constater à quel point les publics de tous horizons se mélangent aisément : punks, gothiques, skaters, thrashers et même quelques mordus de techno étaient présents au concert de Fantômas, l’un des groupes au style le plus indescriptible du moment.

Face à cet objet musical étrange, il est très difficile pour le spectateur d’adopter une attitude cohérente. Construit sur des structures de free jazz torturé, le métal extrême de Fantômas plonge dans un état de tourmente énigmatique. Sur toute cette violence dérythmée, rarement binaire, fréquemment entrecoupée de breaks silencieux et appuyés, il est quasiment impossible de bouger en cadence… Si bien que cette prestation a constitué l’un des seuls concerts de métal où le public ne bougeait presque pas, excepté une dizaine de téméraires pogotant au milieu d’une fosse statique. Ce qui renforçait par moments le caractère comique de cette musique schizophrène : quelques dégénérés slammaient et hurlaient, sur des morceaux de death métal qui se transformaient subitement en slows langoureux ou en rythm’n’blues assagi…

Au-delà du côté amusant de cette prestation, voir Fantômas sur scène reste très impressionnant. Les morceaux sont joués avec une rigueur à toute épreuve, les passages improvisés sont incroyablement réfléchis, mais surtout, la voix de Mike Patton tient du prodige. Tous les rôles polyphoniques qu’il incarne sur l’album sont, sur scène, parfaitement tenus : grognement caverneux, tirades de crooner, hurlements punk frénétiques, chantonnement de cantatrice… Du grand spectacle.

La suite au prochain épisode : Mr Bungle (formation parallèle de Patton) sera en concert le 7 septembre à l’Elysée Montmartre