Petite séance de rattrapage express : on n’avait rien dit de Coalition of the willing lors de sa sortie, au début du printemps dernier, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Après les deux premiers opus de la trilogie « Groundthruther » (le principe : en duo avec Charlie Hunter à la guitare, Previte invite un troisième larron), Latitude (avec le saxophoniste Greg Osby) et Longitude (avec Dj Logic) et en attendant le dernier (Altitude, où les deux compères devraient recevoir Dj Olive), ce spectaculaire album en quartet est l’un des plus immédiatement jouissif et excitant qu’il ait publié : accompagné de l’inévitable Hunter (qui, pour une fois, a laissé tomber sa célèbre guitare à 8 cordes et remis la main sur une bonne vieille Telecaster et sur une basse Fender), du saxophoniste Steve Bernstein (tête pensante du groupe Sex Mob) et du claviériste Jamie Saft, occasionnellement épaulés par le saxophoniste Sherik et le batteur Stanton Moore, il donne à entendre un mélange explosif de rock déglingué, de blues pêchu et et de jazz survitaminé, à mi-chemin entre les Lounge Lizards, Jimi Hendrix et David Lynch. Anguleux, cliché, puissant, mutant, urgent, politique (le graphisme de la pochette est explicite, le titre aussi), ce melting-pot de guitares électriques saturées, de riffs d’orgue Hammond délicieusement funky, de dub trafiqué, de pêches de cuivres et de descentes de toms décoiffantes possède une force tellurique absolument irrésistible. L’éclectisme de l’ensemble confine parfois au brouillon, mais le résultat emporte tout. Montez le son…