Vincent Ravalec est un peu à la fin des années 90 ce que Philippe Djian fut aux années 80. Une icône où l’on place, un peu vite, les plus ambitieux espoirs pour la « littérature de demain », dont on suit avec perplexité le destin plongeant et qu’on aura vraisemblablement oublié sous peu, pour autant qu’il ait la sagesse de ne pas se rappeler à nous sans cesse. Certes, il y avait pas mal de promesses dans Un Pur moment de rock’n’roll, son premier recueil de nouvelles, publié au Dilettante en 1992. Il y avait eu L’Auteur, aussi, sympathique récit de ses audacieux débuts, avec la fameuse anecdote du papier-à-lettres France 2 signé Pivot d’une main tremblante et adressé à l’impératrice Verny chez Flammarion. Laquelle, avec cette proverbiale pertinence dans le jugement littéraire que personne n’a jamais contesté, pris l’Auteur en question sous son aile (le pauvre) et lui permit de commettre quelques romans mal écrits, dont un (Wendy) fit sensation en son temps, tandis qu’un autre (Cantique de la racaille), a été récemment adapté au cinéma -un des films les plus ratés de l’année dernière.

Aujourd’hui, Vincent Ravalec, revenu au Dilettante pour perpétrer quelques forfaits mineurs, nous propose Treize contes étranges, son quatorzième livre. Des récits inintéressants et idiots, où il laisse libre cours à ce qu’il croit sans doute être une imagination sans bornes mais qui se limite, dans le meilleur des cas, à une vague propension à monter en épingle quelques mauvaises idées. En bon commerçant, il exploite ses trouvailles, celles sur lesquelles il a émis un copyright (inutile, personne n’aurait idée de les lui piquer) : ce style déséquilibré et alambiqué, où la virgule remplace les points (un procédé qui a le mérite de la simplicité). On ne demande pas à l’ami Vincent, rebelle officiel de la relève littéraire, de chercher à traduire ses vues dans ses phrases (on ne lui demande plus grand chose, d’ailleurs) : il est évident qu’il n’y arrive pas. En guise de circonstances atténuantes, on citera « La beauté des trains », une phrase de deux pages où, pour une fois, le style sonne juste. Pour le reste, si promesse il y a, c’est seulement celle, rassurante, de la prochaine extinction du phénomène.