Diane et Philippine passent des vacances au Bénin. Le soleil, la plage et le mini-bar ne suffisent plus à Diane qui préfère tromper son ennui en s’aventurant seule à Cotonou, village poussiéreux et sale, peuplé de corps somnolents et de femmes braillardes. Non sans incidents, elle regagnera l’hôtel où Philippine ne l’a pas attendue, comme volatilisée. A partir de là, Diane, folle d’inquiétude, décide de partir à sa recherche…Recherche qui sera forcément jalonnée de maintes péripéties. Elle éconduit Victor l’amoureux galant, fait de Marc-Aurèle le solitaire à la patte folle son gentil chaperon, entraîne dans son enquête Franck et Eddy, bandits notoires et sombres trafiquants d’organes, ou encore Mickey aux curieuses performances transformistes. Elle ira jusqu’à partager l’intimité d’Annita, ashawo (courtisane) aux funèbres scarifications, mais également le quotidien de Tobie, ressemblant étrangement à Philippine avec ses seins lourds et ses fesses épanouies. Bref, Diane va se découvrir aventurière téméraire aux extravagantes rencontres dans une Afrique pleine de détours.

Voix singulière que celle de Vincent Colonna qui abandonne de façon incongrue Diane, cette jeune blanche insolente et débrouillarde, sur les routes poussiéreuses de Cotonou, puis du Togo jusqu’à la frontière du Nigéria. La disparition de Philippine devient le prétexte littéraire à partir duquel Colonna appréhende les pérégrinations d’une blanche maigrichonne au sein de cette Afrique ébène aux formes arrondies.

Faits fictifs ou personnages réels ? Cahiers de voyage ou simple reportage journalistique ? Auto-fiction ou pure élucubration romanesque ? Ma vie transformiste oscille entre faits divers (« vols de pénis et de mamelles au Ghana », organes sexuels réputés pour leur pouvoir de protection), chroniques de voyage et confessions de l’enfance ballottée de Philippine. Quant aux invraisemblances (particulièrement la « séance de stylisme et de maquillage, effectuée en pleine forêt » afin de métamorphoser Diane en somalienne), elles relèvent plus du procédé romanesque. Il n’y a que la trame « dramaturgique » et chronologique de la traversée initiatique de Diane qui donne consistance au récit narratif, certes ponctué des scories du passé de Philippine, lesquelles n’apportent finalement pas grand intérêt au déroulement de l’intrigue.

Même si le récit apparaît chaotique, il a l’avantage d’offrir une peinture pertinente de cette contrée étrangère, loin de l’exotisme onirique et fabuleux qu’elle a pu inspirer. Vincent Colonna décrit la complexité polymorphe d’une Afrique protéiforme. L’érotisation d’une culture occidentale lointaine, où l’amour n’y est que sentimental et les « hits archiconnus » des discothèques argentées, pleins d’une « sentimentalité romantique » ou de « sous-entendus sexuels », côtoie le quotidien sommaire des vies « nègres » et les croyances superstitieuses véhiculées par le culte Vaudou à travers ses fétiches et ses masques funéraires.

Malgré tout, ce récit sans réelle cohérence ou profondeur psychologique nous laisse un goût d’inachevé.