Actuellement en haut de l’affiche avec La Maladie de Sachs, adapté d’un de ses livres, le très sérieux Martin Winckler -médecin, écrivain- est aussi un mordu de séries télé, qui remerciait Loïs et Clark ou Kyle Mac Lachlan (Twin peaks) à la fin de son roman. Collaborateur régulier du magazine Génération Séries, il a signé il y a quelques années avec Alain Carrazé un Mission : Impossible chez 8e art (maison de référence en matière de feuilletons cultes). Aujourd’hui, le voilà co-auteur avec Christophe Petit et toute une armada de spécialistes d’une véritable bible du genre, qui viendra remplacer avantageusement le quelque peu austère Télé feuilletons édité en 90 par Jean-Jacques Jelot-Blanc. Il faut dire qu’il s’en est passé des choses en neuf ans. De Dream on à Friends, de Urgences à NYPD Blue, les séries n’en finissent pas de faire des petits, et nous arrivent de plus en plus vite via les chaînes du câble ou du satellite. Longtemps suspectes parce que « populaires » au même titre que la SF, le polar ou la BD, elles ont désormais acquis leurs lettres de noblesse… et leur littérature.
Très dense, bien maquetté, abondamment illustré en noir et blanc et en couleurs, le guide de Winckler et Petit se compose de deux parties : une sélection, intitulée « les grandes séries », qui passe en revue, à chaque fois sur deux pages, les classiques (Hill street blues, Les Envahisseurs, Belphégor, Chapeau melon, Le Prisonnier…) ou les séries particulièrement remarquables (de Oz, qualifié de chef-d’œuvre, au très noir Profit, en passant par L’Hopital et ses fantômes de Lars von Trier ou encore Twin peaks de David Lynch…) ; et un dictionnaire critique de près de 450 fictions comportant fiches techniques et notules détaillées. On y apprend par exemple que Robert Redford, Charles Bronson ou même Buster Keaton firent des apparitions dans La Quatrième dimension. Ou que les « Drôles de dames » lancèrent ce qu’on appelle aux Etats-Unis la vogue de la « jiggle télévision » (de jiggle, secouer légèrement) car elles ne portaient pas de soutien-gorge (!).
Ultra complet, ce répertoire ne se cantonne d’ailleurs pas aux séries de fiction stricto sensu puisqu’il répertorie également des modules humoristiques récurrents type Merci Bernard ou Palace, et s’aventure dans l’animation avec South park, Les Shadoks ou Les Simpson. Mais sa principale qualité, outre son exhaustivité, est sa subjectivité et la pertinence de ses analyses, qui en font l’outil indispensable à tout amateur de séries qui se veut un tant soit peu éclairé.