Raziel, le vampire déchu, est de retour après pratiquement trois années d’absence. Le PC et la PlayStation 2 (version testée) accueillent la suite de ses aventures. Force est de constater que ce héros n’a pas vieilli d’un os : toujours rachitique avec ses moignons d’ailes, franchement cadavérique et d’un beau bleu, fluo de surcroît. Un haillon négligemment posé sur ses épaules et relevé jusqu’aux os du nez cache le bas de sa mâchoire qu’il n’a plus. Pieds de boucs et griffes démesurées complètent le personnage. La mèche de cheveu rebelle lui confère un aspect comics appréciable. Tout comme ses mouvements à la limite de la caricature (il peut monter aux murs, nager, ramper, planer comme Batman…).

Soul reaver 2 tient du classique jeu d’aventure action en vue subjective. Mais les combats et énigmes sont ici soutenus par un véritable scénario, alambiqué à souhait : ce n’est pas tous les jours qu’un vampire dépossédé de ses talents, transformé en monstre dévoreur d’âmes, part dans une quête existentielle et temporelle pour utiliser convenablement son libre arbitre ! De quoi ravir tous les joueurs en quête d’une réelle densité vidéoludique. Seul hic : le scénario reprend exactement là où il s’était arrêté… il y a trois ans. Et les nouveaux venus auront quelques difficultés à plonger dedans. Jaloux de ses ailes, Kain a condamné son lieutenant Raziel à la damnation éternelle. Devenu un dévoreur d’âme grâce à une obscure puissance qui l’a ressuscité, Raziel part, dans le passé, à la poursuite de Kain pour le détruire. Intervient Moebius, un très puissant chasseur de vampires qui lui propose une alliance. S’en suit une rencontre avec un dieu en forme de Pieuvre géante. Puis avec Kain qui lui explique que le destin est écrit.

Ne vous y trompez pas : il s’agit ici d’un véritable Dallas, version gothiquo-divine, qui se déroule dans le monde réel et le monde spectral où le héros peut se retrouver pour reprendre des forces ou franchir certains obstacles. Plusieurs cinématiques, remarquablement réalisées, dévoilent de nouveaux éléments du scénario. Au joueur de se dépatouiller avec pour comprendre ce qu’il peut. Et pour découvrir l’un des univers les plus incroyables sur PlayStation 2 : d’immenses temples gothiques aux colonnes démesurées dans de sombres marécages, une cathédrale illuminée par des vitraux relatant des combats innommables, de sinueux chemins qui côtoient d’étranges arbres, des fresques vieillies par le temps qui relatent des combats homériques. Une musique douce et sombre… Lovecraft n’est pas loin. Mais les combats, omniprésents, nous rappellent qu’il s’agit bien d’un jeu vidéo : empalements et décapitations sont ponctués de gerbes de sang du plus bel effet. Et c’est à chaque fois un régal que de voir Raziel entrouvrir son châle pour dévorer les âmes des défunts. Les armes ne manquent pas : épées, lances, haches, etc. Sans oublier la fameuse Soul reaver ! Une épée spectrale, en symbiose avec le personnage, qui acquiert de la puissance au fur et à mesure des combats. Mais dont l’appétit est tel qu’elle peut très bien se retourner contre son propriétaire pour peu qu’il n’y ait pas suffisamment d’âmes à portée de sa lame… Un tandem, grand classique de l’héroïque-fantasy, que l’on retrouve avec plaisir. Pour une petite quinzaine d’heures seulement. Car le temps passe vite, trop, fusse pour un immortel.