L’hiver approchant, les conversions des jeux de salles d’arcade vers les consoles de salon s’accélèrent et remplissent les têtes de gondoles. Après Space channel 5 et Ferrari 355 challenge, Konami se lance dans la course et ressort Silent scope du fond de ses tiroirs poussiéreux. Le principe est simple mais d’une redoutable efficacité : à l’aide d’un fusil à lunettes, le joueur se la joue tireur d’élite et dégomme à grand renfort de « headshot » toute mine un tant soit peu patibulaire.
Même en état d’hibernation avancée, les barbouzes en folie risquent de remarquer les nombreuses modifications qu’a subies leur outil de travail. Deux gâchettes, plein de boutons, une forme ovoïde : pas besoin de tergiverser pendant des heures, le précieux fusil s’est transformé en un pad analogique quelconque. Pas la peine non plus de courir illico chez le revendeur le plus proche, Silent scope ne supporte aucun des pistolets disponibles sur le marché. La manette dirige donc tous les mouvements du viseur, supportant les modes zoom et élargi. Autant le dire tout de suite, le plaisir à réagir violemment à des situations extrêmes a tout bonnement disparu. Les gestes brusques du sniper en proie à un stress et à une concentration croissants se traduisent sur l’écran par de jolies arabesques fluides et lisses. La possibilité de moduler la vitesse de défilement n’y fait rien : Silent scope ressemble à s’y méprendre à la dernière chorégraphie pour curseur dépressif. Exit les sarabandes zombiesques de House of the dead 2.

Le mode Story reprend sans surprise les ingrédients de la version arcade. Un groupe de terroristes, en mal d’exercices pratiques, a décidé de kidnapper le personnage le plus mystérieux du moment, le président des Etats-Unis. Au milieu de décors précalculés assez pauvres, le joueur doit éradiquer un certain nombre d’ennemis jurés de la démocratie, le tout dans un temps défini. Chaque fin de niveau amène son boss et la possibilité (très réduite toutefois) de choisir entre une attaque aérienne ou terrestre pour la suite des opérations. Pis que tout, le joueur est contraint de suivre les mouvements obligatoires et ne possède aucune liberté d’action. A l’heure où n’importe quel FPS, Counter strike en tête, décuple les aspects stratégiques, revenir au système de Virtua cop 1 et 2 signifie ni plus ni moins shooter des bonhommes auréolés d’une flèche rouge, témoin de leurs mauvaises intentions.

L’ersatz devient rapidement indigeste quand le tout prend la forme d’un bâclage graphique et sonore innommable. Les décors sont particulièrement laids, le rendu des personnages catastrophiques et l’évolution au sein du gameplay d’une linéarité exceptionnelle. Les missions s’enchaînent à un rythme soutenu et répétitif. Bref, on s’ennuie sec. Et ce n’est pas le shoot d’un boss courant dans un stade bondé qui va relever le niveau. En cas d’échec, Silent scope a tout de même le mérite de changer les points de vue : on commence sur le toit, on s’embusque derrière un mur ou une vitre blindée. Rien n’y fait, le retour au point de départ démotive rapidement le joueur. L’envie de jeter par terre son fusil-pad apparaît comme la seule issue possible. De toute façon, le président est bien assez grand pour se dépatouiller tout seul de ce gigantesque bourbier.