Difficile de rester insensible à ce petit chef-d’oeuvre multimédia. Non pas que nous soyons tombés sous le charme de la sympathique boîte métallique contenant la galette interactive, mais il faut avouer que l’éditeur Syrinx a une fois de plus cherché à repousser les limites de la technologie. Ou mieux encore : il a su dissimulé le contenant -l’interface graphique- au profit du contenu, rassemblant ainsi la vie et les travaux de Sigmund Freud. Pour réaliser cette prouesse artistique, Syrinx a fait appel à la société de design autrichienne Nofrontiere, référence en matière d’intégration de contenus multimédia dans des interfaces restant fidèles à l’esprit des auteurs. Résultat : une navigation quelque peu déroutante au premier abord mais qui respecte d’emblée la démarche intellectuelle de Freud. Car si l’auteur de l’Interprétation des rêves a passé toute sa vie à scruter l’âme humaine, vous devriez à votre tour mettre plusieurs heures à découvrir l’ensemble des résultats de ses recherches.

Au lancement du CD-Rom, une présentation aux allures énigmatiques titillera immédiatement votre inconscient. Comme si quelqu’un vous réveillait en plein sommeil. Comme si vous pouviez tout d’un coup visualiser vos rêves sur l’écran d’un moniteur. Absurde ? Pas tout à fait. Tel un rêve éveillé qui ne voudrait pas complètement se révéler, ce titre vous invite à un voyage dans l’âme où chaque chemin à emprunter s’efface dès l’instant où votre regard se détourne d’un pixel… Certains parleront de brouillard épais, d’autres de mémoire défaillante. Qu’à cela ne tienne, la navigation ici tient assurément de l’imagination et de la découverte d’un univers jusque là inconnu. Une manière originale de vous envoûter le temps d’une consultation…

Ce voyage au coeur de l’inconscient s’organise autour de onze grandes étapes. Aucun ordre particulier à respecter, à vous de choisir le parcours à emprunter. Rassurez-vous, la progression chronologique reste évidente. L’étape baptisée « Cocaïne » présente les résultats des premiers travaux de Freud tandis que la partie « Bellevue » expose la première interprétation des rêves. Comprendre le personnage et la science qu’il a « inventée » exige donc une certaine gymnastique de l’esprit. D’autant que chaque étape ne se dévoilera à vous qu’à la condition que vous résolviez préalablement l’énigme proposée. Relativement simple, cette dernière requiert néanmoins toute votre attention, un peu de bon sens et un doigt de concentration.

Archéologie de l’inconscient ne privilégie pas, comme c’est souvent le cas, les informations textuelles. Du moins lors de la consultation des parcours initiatiques. Les textes écrits servent exclusivement à résumer de manière claire et concise la démarche de Freud, son histoire ou des événements liées à celle-ci. Une voix vous accompagne également tout au long de ce périple où l’on nous révèle l’origine du fameux divan du psychanalyste, l’explication de l’orientation du fauteuil par rapport au divan et l’ébauche des premières techniques psychanalytiques. Plus intrigant encore : le rapport de Freud avec le cinéma et la culture en général.

Finalement, le seul véritable regret ici tient au fait que l’investigation ne semble pas aller bien loin. Comme s’il fallait absolument conserver une part de mystère. Ou comme s’il nous était impossible de comprendre dans le détail ce qu’un Docteur Freud a mis tant de temps à élucider.