Bâtir, croître, défendre. attaquer, vaincre, les bases du RTS sont immuables. Et il n’y a pas de raisons de les voir changer. Mais comme tout genre solide, il est aussi un excellent prétexte aux variations. C’est sur ce créneau que s’engouffre Rymdkapsel (« capsule spatiale » en suédois), titre d’un seul homme, Martin Jonasson, qui en combinant «Tetris à Sim City», réussit un joli coup de maître. Après une sortie discrète chez Sony sur Vita, le jeu fait un atterrissage remarqué sur iOS et Android. Le concept est simple : épurer le jeu de stratégie en temps réel, lui ôter tout univers médiéval, historique ou fantasy, pour ne garder que des formes géométriques en aplat de couleur. Le cadre n’en est pas moins celui de la science-fiction, avec sa base spatiale à construire, gérer et défendre, ses monolithes noirs à découvrir et sa musique électro planante en boucle. Mais ce minimalisme stylistique est au service d’une pure abstraction du genre qui tout en synthétisant ses enjeux, révèle surtout la pureté diabolique des mécaniques du titre.

 

A la différence de la plupart des RTS, Rymdkapsel délaisse le principe de conquête sur l’autre, pour se focaliser sur l’espace. Si des ennemis sont encore là, c’est seulement pour attaquer et corser à chaque nouvelle vague un challenge reposant sur la bonne gestion des ressources : conserver assez d’énergie, de nourriture, de personnages (réduits à un pixel blanc, façon Pong) pour voir sa base s’étendre et récolter ces fameux monolithes. Toute la difficulté tient alors à une lente et progressive course contre la montre : plus le temps passe et plus les vagues ennemis sont nombreuses et rapides. Et aux combinaisons de pièces pour étendre l’espace : de ce Tetris dépendant la vitesse de circulation des personnages entre chaque point clé de la base, dont il faut aussi surveiller l’épuisement. Cette alchimie quasi enfantine se révèle d’une efficacité instantanée. La combinaison du RTS au puzzle game, avec sa gestion du hasard (l’ordre des pièces est aléatoire) et finalement du timing, rend le jeu immédiatement addictif. En associant deux titres de légende, il était en même temps difficile de se rater.