Conspiration, assassinat, pouvoir. Tous les ingrédients ont été réunis pour satisfaire votre soif d’aventure. Et comme par magie, l’intrigue repose une nouvelle fois sur… une histoire d’amour. Emprisonnée, votre belle est accusée d’avoir séquestré son mari. Prouvez son innocence et vous la sauverez. Mais rassurez-vous, au-delà de la simple fiction amoureuse, Rome vous plonge au cœur d’événements historiques bien réels, à la recherche du fameux testament de César. Pour mener à bien cette enquête, les confrontations avec Cicéron, Marc-Antoine, Octave, Brutus ou encore Cléopâtre seront inévitables. A vous de savoir les charmer pour leur soutirer un maximum d’informations. Question de tact, ou d’humeur. La preuve : pour chaque dialogue engagé, vous disposez de trois types d’humeur, matérialisés par des masques de théâtre. Apprenez donc à être tantôt respectueux et courtois, tantôt franc et direct. Conçue spécifiquement pour ce titre, la technologie « ReActiveAttitudes » ne tient néanmoins pas toutes ses promesses. Quelle que soit l’humeur choisie, les interlocuteurs acceptent systématiquement de vous parler et vous révèlent la plupart du temps une information exploitable. Un conseil : testez autant que possible les trois possibilités… Si le ton change, le simple fait d’insister s’avère souvent payant. Notons que la gestion des dialogues est tout de même assez maladroite. En optant successivement pour les trois humeurs, on constate que les questions posées se répètent régulièrement. Idem pour les réponses. Les personnages perdraient-ils la mémoire ? Autre exemple : alors que vous venez de mettre la main sur un document capital, un serviteur maintient que ce dernier reste introuvable ! Du coup, il est aisé de parvenir à ses fins… D’autant plus que les énigmes se révèlent pour une fois moins tarabiscotées qu’à l’accoutumée. Il suffit souvent d’engager la conversation pour résoudre un mystère. Difficile donc de rester bloqué. Revers de la médaille : cet état d’esprit logique et intuitif trahit finalement une facilité et une progression accrues. Ce qui influe indéniablement sur la durée de vie du jeu.

A Rome, le farniente n’est pas à l’ordre du jour. Pour faire toute la lumière sur cette affaire, le joueur dispose en effet d’à peine un mois et demi. Gare aux nombreux pièges ! Si vous vous y faites prendre, vous perdez systématiquement des jours d’enquête -et non des vies ! Par ailleurs, le temps nécessaire pour atteindre un lieu précis de la capitale est également décompté. Ainsi, les déplacements non justifiés peuvent à terme compromettre le succès de votre mission. Cela dit, le scénario n’étant absolument pas linéaire, les seize sites disponibles restent accessibles à tout moment. A moins qu’un garde ne vous barre la route, vous suggérant de revenir plus tard. Qu’à cela ne tienne puisqu’on rejoint un lieu déjà visité non plus à pied mais par téléportation ! Ce qui évite aux concepteurs d’avoir à modéliser un nombre important de voies romaines…

On est un peu déçu notamment au niveau des décors qui laissent franchement à désirer. En optant pour une animation en 3D temps réel des quelque 40 personnages, les développeurs avaient pourtant l’occasion de peaufiner le graphisme de chaque site. Résultat : des textures très plates et parfois trop compressées. Quant aux cinématiques, elles déçoivent tant par la pauvreté de leur scénarisation que par la qualité de leur réalisation graphique (les traits des personnages restent très grossiers). Côté bagage culturel, la base de données présente une centaine de fiches thématiques, validée par G. Hacquard, spécialiste d’histoire romaine. Elles servent tout aussi bien à mieux comprendre certains aspects du jeu qu’à parfaire votre connaissance personnelle de la Rome antique.
Une bonne idée enfin : le bilan automatique. Au fur et à mesure que vous progressez dans l’histoire, les informations que vous avez collectées sont stockées dans un petit calepin consultable en permanence. Outre la gestion des notes, Rome vous donne également la possibilité, à défaut d’euros, de vous familiariser avec les sesterces. L’astuce consiste à dépenser sans compter. A Rome tout se monnaye, même la discrétion des gens…

Alors que Rome présente un certain nombre d’idées innovantes (moteur de dialogues, personnages en 3D temps réel, gestion du temps et de l’argent…), force est de constater qu’elles n’ont pas été suffisamment bien exploitées. Le jeu en perd ainsi toute sa saveur et pèche au final par une durée de vie bien trop courte.