Il y a des jeux qui ne peuvent être pris en défaut nulle part. Technique impeccable, gameplay irréprochable, tout fonctionne, tout va, mais rien à faire… Il manque quelque chose pour en faire un hit inoubliable. A ce titre, Quantum redshit est emblématique de la logithèque Xbox. Il manque un supplément d’âme, quelque chose de frais et d’original, un peu de personnalité pour en faire un véritable chef-d’oeuvre. Pourtant, dans le domaine de la course futuriste, on ne peut pas dire que la concurrence soit rude. Le dernier Wipeout -WipEout fusion- s’est majestueusement planté sur PS2. Grande arlésienne de la console de Sony, le quatrième opus de la série a indiscutablement souffert d’un changement d’équipe qui n’a pas su lui apporter la classe qui caractérisait les épisodes précédents.

Débauchant une partie de l’ancien staff de la mythique licence, Microsoft espérait sans doute combler une lacune, non seulement sur sa machine mais aussi, in fine, sur l’ensemble des plates-formes 128bits. Quantum redshit est un Wipeout-like, il ne s’en cache même pas, c’est le même design techno, la même soupe electro en guise de soundtrack. C’est WipEoutfusion sans les défauts techniques. On s’attendait d’ailleurs à une claque graphique, de ce point de vue-là on n’est pas déçus : c’est d’une beauté abyssale, des textures bump-mappées au sol aux petites gouttelettes de pluies ruisselant sur le pare-brise. Le sens du détail qui tue, une ode orgasmique aux capacités monstrueuses de la Xbox. C’est impressionnant, et, pour une fois, la jouabilité suit. Un système d’armement/bouclier/turbo plutôt malin, une gestion des animosités entre pilotes piquée à SSX, des sensations de vitesse décoiffantes, même si les premiers contacts semblent un peu mollassons, c’est du vrai travail d’orfèvre.

On nage en plein bonheur vidéoludique, mais il y a un revers à toute cette simili-perfection. Peut-être le faible nombre de circuits, ou alors cette progression de la difficulté un peu abrupte, qui passe de la conduite pépère à la guerre totale sans véritable transition. Non, en fait, il manque à Quantum redshit un peu d’âme. C’est beau, mais c’est froid. Les décors et les pilotes tombent dans le cliché SF de base, et certains stages pseudo-historiques -Egypte et Ecosse- paraissent déplacés. Finalement, il n’y a rien pour accrocher, pas de bases solides pour mettre en branle une saga. Wipeout bénéficiait de l’esthétique hype et japonisante de Designers Republic pour se démarquer du F-Zero de Nintendo. Quantum redshit se contente de reprendre la même formule, sans grande créativité. On frôle l’opportunisme, la volonté de faire mieux que le voisin sans se creuser vraiment le cerveau. Evidemment, les amateurs de courses anti-gravité ne devraient surtout pas se priver, le jeu a suffisamment d’atouts dans sa manche pour séduire -et puis c’est un peu le seul représentant valable du genre sur Xbox. Mais on pourra s’étonner que ce style de jeu peine autant à délivrer un incontournable sur cette génération de consoles. Peut-être le futur F-Zero, sur GameCube, viendra-t-il délivrer le genre de cette malédiction…