Souvenez-vous, le mois dernier s’était déjà soldé par une migraine carabinée à force d’ingurgiter les doses massives d’asphalte disséminées dans une avalanche de simulations de courses en tout genre. Chaque éditeur y allait de sa soi-disant innovation, les uns misant sur une perfection mécanique (24 heures du Mans), les autres sur un contexte urbain réaliste (MSR), voire carrément sur une bonne dose d’éclate à gogo du style Midtown madness 2. Mercedes Benz truck racing (MBTR) opte pour une approche décalée : oubliez les bolides décapotables, il s’agit dorénavant de se mesurer à coup de monstres rugissants plus généralement habitués à tirer des cargaisons de plus de trente tonnes qu’à jouer à la course-poursuite.

Peu médiatisé, l’univers des poids lourds contient pourtant les éléments rêvés à un déluge de chevaux-vapeur. Véhicules impressionnants et mythiques, moteurs aux performances gargantuesques, le tout renforcé à grands coups de flammes dessinées sur la cabine ou de pots pétaradants, tout sauf catalytiques. Bref, les concepteurs ont à portée de main le parfait petit attirail apte à rassasier nos envies frénétiques de puissance.
Dans les faits, MBTR s’en donne à cœur joie. Une interface claire et stylisée introduit rapidement le joueur dans l’atmosphère particulière du lieu. Pour les plus néophytes, un résumé historique de la discipline aura tôt fait de remettre à jour leurs lacunes en la matière. Dans la pratique, le gameplay ressemble à s’y méprendre à n’importe quel jeu basique de simulation automobile : pas de missions façon Stallone dans Bras de fer ou Johnny Halliday dans Terminus ; MBTR n’est pas une étude sociologique du monde des routiers et de leurs us et coutumes. Une simple succession de courses plutôt. Toujours le même objectif : griller tous ses adversaires et passer premier la ligne d’arrivée. Le choix de circuits -9 au total- peut sembler à première vue un poil incongru. On imaginait volontiers les mastodontes s’affronter sur des parcours réels type autoroutes ou routes de campagne. Le choix des armes s’avère relativement restreint. Pour cause puisque parmi les différents modèles, seule Mercedes est représentée. Dommage, la perspective de voir s’affronter un bon Renault des familles et un Merco était alléchante. La partie réglages reprend les paramètres chers à la série des Need for speed : dureté des suspensions avant, arrière, pression des freins, direction plus ou moins assistée, ABS, EPS. Grosso modo, la majorité des caractéristiques propres à l’engin est prise en compte et entre pour une part importante dans la victoire éventuelle. Comme d’habitude, mieux vaut s’essayer à quelques entraînements avant de prendre le chemin de la ligne de départ sous peine d’abandonner dès le premier virage.

Si la bande sonore se limite trop souvent aux seuls ronronnements du moteur, une fois la course lancée, le travail de conception graphique, lui, saute aux yeux : les poids lourds sont tout bonnement magnifiquement modélisés. En vue extérieure comme en vue intérieure, les détails prolifèrent et le défilement du décor sur les pare-chocs provoque un petit effet sans commune mesure avec les pixels grossiers d’un Sega GT, par exemple. En dehors de la qualité purement esthétique des engins, on se rend compte à la seconde même du départ qu’un trente tonnes ne se maîtrise pas aussi facilement qu’une corvette. Les effets de gravité rendus parfaitement appellent une conduite tout en doigté, bien loin des contrôles habituels : freinage, dérapage, et on verra bien après. Ce n’est qu’au bout d’une heure ou deux que le contrôle par anticipation du monstre finira par porter ses fruits. Seule ombre réelle au tableau : l’impression de vitesse n’est pas assez suffisante pour accompagner les sensations de puissance à bord du poids lourd. Même débridé, le moteur semble plafonner, les courses prenant alors l’allure d’une étude sur l’inertie des corps en mouvements, tant le couple action-réaction est sollicité pour mener à terme l’épreuve. Dommage, l’opus, intéressant par bien des aspects -comme le mode réseau ou la réussite graphique incontestable-, en perd de son charme.