Chez Cryo, on ne se lasse pas de bâcler de beaux projets. Le filon des esprits frappeurs et autres maisons hantées n’est pas le plus exploité en matière de jeu vidéo et Le Gardien des ténèbres, entièrement basé sur ce concept, façon Poltergeist et non pas Gostbusters heureusement, est séduisant. Il s’agit ici d’incarner Ekna Kathâr, personnage mystique et secret, moine exorciste mandaté par une société d’investigation paranormale, The Gate. Sa mission : enquêter et découvrir l’origine de phénomènes mystérieux, provoqués par des esprits malins, des spectres et une flopée d’entités démoniaques débarquées de l’au-delà. Cet allumé de conjurateur que vous incarnez devra donc parcourir 10 univers, soit 150 lieux différents, en 3D temps réel, pour y déjouer quelques obscurs stratagèmes : du fast-food au musée d’art colombien, de l’usine de viande hachée au classique manoir gothique… Hélas, dans les faits, cela consiste à questionner les personnages qui traînent dans les parages et à récupérer deux ou trois objets par mission. Rien de subtil ici. D’autant plus que William Burnst, un camarade de chez The Gate trop âgé pour combattre à vos côtés se charge de jouer les mentors en vous briefant avant chaque mission. Il suffit alors de suivre à la lettre, et dans l’ordre, ses recommandations pour achever le plus simplement du monde les missions. Résultat : l’aventure est on ne peut plus linéaire et ennuyeuse…
Par ailleurs, c’est aussi Burnst qui vous fait le détail et l’explication des sortilèges disponibles selon la nature de l’objectif : les sorts Warrior, pour les combats (attaque mentale, frappes télékynétiques…), et les sorts Médium, de type perceptifs et médiumniques donc (transe, extra lucidité, exorcisme…). L’utilisation de chacun d’eux vous coûte de l’énergie. Il y a bien sûr le passage obligé, en début de mission, au Ténébrans -c’est à travers ces stations-relais que The Gate vous communique, en gros, les ordres de mission-, mais il faudra impérativement en récupérer en cours de partie…
Forcément, aucune force occulte n’échappe à Ekna Kathâr, qui passe une bonne partie de son temps à éradiquer toutes celles qui parsèment les pièces visitées, tels ces foutus tendrils, créatures ectoplasmiques plaquées aux murs. L’ennui ici, c’est qu’en marge des énigmes, Le Gardien des ténèbres prend vite la tournure d’un mauvais shoot’em-up. Voilà pour la partie action, pénible.

Bref, on apprécie les idées et les références de Cryo (pêchées chez Philip K. Dick et, ici, Dan Simmons), dommage que celles-ci soient trop souvent maltraitées, quand elles ne sont pas salement profanées (souvenez-vous d’Ubik par exemple), dans des productions certes alléchantes, mais au final sans grand intérêt. Comme ici.